Cette nuit, après trente ans d’amour fou, le mari d’Aurore la quitte. Au désespoir, elle aborde un inconnu, « Emmenez-moi ». Lui aussi a besoin d’une distraction, d’oubli. Sans se connaître, ils partagent le temps d’une nuit un présent absolu. « Deux êtres qui passent, deux nuits qui se croisent et se télescopent, et pourquoi ne pas tenir ainsi jusqu’à l’aube, et pourquoi ne pas disparaître en silence dans le bruit des autres, et pourquoi ne pas se dire ce qu’on n’ose jamais, s’aimer comme on n’ose pas, c’est à dire sans raison« .
Un roman d’amour sans vraiment l’être, qui nous emporte dans l’errance de deux êtres brisés qui vont s’abandonner, se fuir et fuir la violence de leurs vies, le temps d’une parenthèse, d’une nuit suspendue.
Une île anonyme au milieu d’un lac. Un homme y vit, seul, hors du monde, hors du temps, dans un monde qui semble suspendu, en symbiose et en paix.
« Et le lac. Et au milieu du lac, l’île. Dans l’île, lui. Quoi de plus demander ? Quoi vouloir de plus ? Quelle chance. Il se dit encore : tout est là. D’autres voudraient du bruit et du mouvement. D’autres voudraient de la vitesse, de la richesse. Lui ne veut rien. Il veut ça. »
Un poème narratif sur le temps et un hommage à la culture japonaise qui sonne avec la beauté des haïkus.
3 belles bandes dessinées dans les bacs, 3 biographies aux graphismes subtils et détonants mêlant récits intimes et histoire du début du XX° siècle :
-« Madones et putains » réalisé par Nine Antico ed. Dupuis coll. Air Libre
Un magnifique n&b où l’on suit les portraits d’Agata, Lusia et Rosalie, femmes Italiennes prisonnières ou rebelles de leurs conditions sociales
-« Gisèle Halimi une jeunesse Tunisienne » scénario de Danièle Masse dessins de Sylvain Dorange ed. Delcourt coll. encrages.
Avant de devenir une grande avocate plaidant et défendant les causes féministes, Gisèle Halimi grandit dans une famille juive à Tunis durant le protectorat français. On suit son enfance, le lien avec ses parents, comme naît son sens de la justice et ses convictions politiques.
-« Les choses sérieuses Jean Costeau & Jean Marais » scénario d’Isabelle Bauthian dessins de Maurane Mauzars, ed.Steinkis coll.Dyade.
Couple d’amoureux mythique dans l’histoire des arts et du théâtre, l’arrivée de la guerre, la montée de l’antisémitisme à Paris et leur volonté farouche de continuer à créer.
Venez découvrir ses trois beaux ouvrages à la librairie.
Ravi vit dans un petit village des Vosges avec sa mère, Asha et son père, Étienne. Alors que son dixième anniversaire approche, Ravi se pose des questions sur sa famille un peu différente de celle de ses camarades de classe… Étienne est un médecin réputé souvent en voyage à cause de son travail et Asha ne parle pas, elle chante dans sa langue maternelle, le bengali. Mais Ravi en est sûr, il y a quelque chose que personne ne veut lui dire et qu’il se traîne comme un boulet dont il ne sait pas quoi faire….
Ravi est très entouré et dans sa douloureuse quête de ses origines, il sera accompagné par l’amitié de ses camarades de classe, la bienveillance du directeur de l’école, Monsieur Tourette les enseignements plein de sagesse du vieux Daïsuke-Natsuki-Akimasa, le vieux gardien de l’école et l’amour inconditionnel de ses parents.
À lire dès 9 ans, un roman jeunesse touchant avec des personnages empreints d’amour et de bienveillance malgré leurs blessures…
La femme n’est définitivement pas un être à domestiquer et à dresser, n’en déplaise aux tenaces héritiers du patriarcat longuement et systématiquement reconduits dans leur comportement de mâles prédateurs. Ils continuent d’essayer de soumettre les lionnes rugissantes et puissantes qui sommeillent derrière leurs barreaux subis, jusqu’à l’acceptation, parce que la définition de l’amour qu’on leur a refilé dans leur condition de femelle est erroné. Si elles ne ne le savent pas d’emblée parce que trop modelées elles-mêmes par quelques siècles de martelage leur inculquant la soumission, elles le ressentent au fond de leur ventre que ça sent le fauve…
Le regard que l’homme pose sur l’animal ne diffère pas de celui qu’il accorde à la femme. Incapable de penser et de concevoir un mode de fonctionnement différent du sien, il domine.
Quand il est question de survie, lionnes et femmes, sont celles qui feront ce qu’il faut pour elles-mêmes et pour les leurs.
Lionne en cage qui se ronge les pattes détruite par la captivité et femme dévorée dans sa chair et son esprit par un amant dévastateur, elles sont sœurs dans leur combat contre l’asservissement.
De ce qui a été vécu il y a 20 ans dans une vie de jeune femme, il restera des blessures, des cicatrices, des peurs profondes qui semblent impossibles à surmonter et un jour, il y aura un autre visage de l’amour. Dans ces pages, M ou le nom de l’amour libéré et libérateur de l’angoisse de l’appartenance toxique, l’amour vrai qui enlace sans contraindre.
Un immense coup de cœur pour ce texte d’une rare puissance.
Contentes de vous convier à une belle exposition qui se prépare à la Médiathèque Louis Joseph de Château-Arnoux Saint-Auban entre le 15 janvier et 15 février prochain.
Les 28 planches du livre « Il est fou ! » imprimé et publié aux Éditions Quiero avec des gravures sur bois de David Audibert, des livres de GLM et d’Archétype. L’exposition présente pour l’essentiel les planches imprimées du livre de Guy Lévis Mano et David Audibert sorti en décembre 2022. Ce livre entièrement imprimé à la main en typographie au plomb par Samuel Autexier dans l’atelier Archétype à Forcalquier a demandé trois mois de travail (de août à novembre). Dans les vitrines sont exposées compositions typographiques et gravures sur bois ainsi que les ouvrages publiés par les éditions Quiero, quelques ouvrages de GLM (collection personnelle et dépôt du musée de Vercheny) et de l’atelier Archétype (livres pauvres en collaboration avec Chantal Giraud Cauchy).
Le vernissage aura lieu ce samedi 14 janvier à 11h avec une lecture d’extraits du livre par Sadou Czapka. Un beau moment en perspective, un régal pour vos yeux et vos oreilles. La libraire vous propose un choix de livres issus du catalogue des Editions Quiro & une belle vitrine. Venez donc, ça va être bien.
Un atelier de 3 h animé par David Audibert (gravure sur bois) est proposé le mercredi 1er février de 15 h à 18 h pour rentrer dans l’univers du livre. Inscription auprès de la Médiathèque ou de la librairie au 09 72 63 56 38 ou contact@defilenpage.fr
« Il est fou ! » Recueil de onze « minutes » imprimé en 1933 à 90 exemplaires sur la petite presse à bras du poète Carlos Rodriguez Pintos par Guy Lévis Mano, il inaugure le catalogue de ce qui allait devenir la maison GLM. Ces poèmes parlés font suite à dix années d’intenses activités littéraires (revues, expositions, rencontres) et marquent le début d’une aventure éditoriale qui fera de GLM l’éditeur attentif des poètes et artistes les plus célèbres du XXe siècle (Breton, Char, Dali, Dupin, Éluard, Jouve, Lorca, Mirò, Picasso, etc.). Suivant la volonté testamentaire de l’auteur, les éditions Quiero proposent une nouvelle version à quatre mains.
Une nouvelle bd de Gilles Rochier aux éditions 6 pieds sous terre collection Monotrème dans les bacs de la librairie !
Comment vous dire… Quand l’amitié tourne pas toujours dans le bon sens, vous tire un peu vers le bas, vous fait légèrement fissurer mais vous soutien quand même, rajouté en plus une couche de violence sociale bien épaisse. Gilles Rochier continue de décrire la banlieue et ses gars devenus des « anciens » continuant à tenir les bancs et à naviguer à vue en affrontant les coups durs. Il met en scène leurs langues, leurs craintes, leurs liens, leurs solutions, avec son regard lucide, ses dialogues précis et percutants comme on les aime. Chaque séquence décrite nous fait avancer dans son univers où il est tout à la fois narrateur principal, observateur et électron libre.
En bonus on vous propose même de re-découvrir un autre opus « TMLP » primé à Angoulême en 2012 sur des sujets pas évidents : enfance, précarité, maternité , sexualité et débrouilles… Album précédé de « Temps mort » (ed. 2000) et suivi de « La petite couronne » (ed.2017).
Gilles Rochier réalise des bd depuis plus de 20 ans, tenant le terrain il décrit les quartiers qui l’entoure et la vie qui en découle composée dans les grands ensembles urbains et révélée dans de petits détails réalistes. C’est un regard singulier qui trace son sillon. A lire sans plus attendre.
Boris Weisfeiller, disparu au Chili en 1985. Un nom parmi tant d’autres sur la liste des disparus pendant les années de dictature de Pinochet. Nous ne le connaissons pas, il n’apparaît pas sur nos portraits de famille et nous ne partageons pas de liens avec lui et pourtant, dès les premières pages du récit de Douna Loup, il devient notre propre chair.
Boris est né en URSS dans une famille juive au tout début des années 1940. Son père, médecin juif hongrois qui avait fui Budapest après avoir participé au soulèvement de 1922 contre le gouvernement, les abandonne, lui, sa sœur Olga et leur mère, après avoir été expédié en Sibérie en 1950. Boris devient un élève brillant et malgré les difficultés que rencontrent la famille pour subvenir à ses besoins, il intègre l’université et en sort diplômé en 1963. Empêché de poursuivre une carrière scientifique dans son pays, il fait une demande d’exil en Israël dont il ne foulera finalement jamais le sol pour atterrir, en 1975, aux États-Unis. Une vie libre, enfin, pour ce trentenaire passionné par les chiffres autant que par les grands espaces.
Rien d’étonnant pour sa famille, restée en URSS, ni pour ses amis, à le voir prendre un avion en décembre 1984 en direction du Chili. Le 15 janvier 1985, son sac à dos et ses effets personnels sont retrouvés au bord de la rivière Nuble. Personne ne le reverra.
Entre 2019 et 2020, Douna Loup prend la route des États-Unis et du Chili à la suite de ses ainées. Elle multiplie les rencontres, traque les détails qui auraient pu leur échapper pour espérer, à son tour, clore ce chapitre de leur histoire resté sans point final depuis 1985. D’une tragédie personnelle et intime, Douna Loup dont Boris est le grand-oncle, livre un récit vaste et puissant sur le Chili des années 1980. L’enquête irrésolue héritée de sa propre histoire familiale devient celle menée par chaque famille chilienne amputée d’un membre par Pinochet et sa meurtrière DINA.
Un récit haut en couleurs acidulées, un découpage hors pair, une narration qui file et des dialogues ciselés.
C’est l’histoire d’une fratrie : Nathan, Zoé et Etienne, orphelins citadins ubérisés et accros aux écrans et leur rencontre avec Annie, une veille dame qui retourne dans son pays qu’est l’Alaska après 40 ans de mariage en France. Elle les emmène dans son monde et sa culture, qui a changé : le climat se détraque, les eaux montent, les espèces animales se mélangent, l’alcool dévaste les peuples autochtones.
C’est l’histoire d’une rencontre entre des êtres, qu’ils soient enfants ou adultes, apprenant à s’adapter dans de nouveaux paysages et modes de vie. C’est aussi l’histoire d’une rencontre entre Inuits & Européens, l’histoire d’accidents et de perditions. C’est l’histoire de l’évocation des anciens mythes comme des boussoles et l’espoir d’un futur dans un présent instable.
Cette bande dessinée de Jérémie Moreau est un bijou, son tempo, ses dessins, ses couleurs flashs nous emportent avec tout l’intranquille décrit, nous ouvre vers des possibles, ravive nos imaginaires et nos pensées. Merci.
L’ascenseur social n’embarque pas grand monde dans le Harlem des années 1960 et Carney, vendeur de meubles et d’électroménager sur la 125ème avenue, est décidé à ne pas râter le coche. Avec une femme issue de la « haute » dont les parents jubilent à l’idée de le rabaisser à la moindre occasion et deux gosses à nourrir, c’est bien certain que sa vie aurait une autre gueule côté Riverside dans un appartement plus grand et confortable. Sauf que le commerce ça ne paie pas aussi bien qu’il le voudrait et ce ne sont pas les quelques petites entorses à la légalité qui font bouillir la marmite. Qu’on se le dise, Carney est un (brin) filou mais pas un voyou et c’est bien contre son gré et par fidélité familiale un peu bonne poire qu’il va se retrouver embarquer dans un gros coup. Et si ça sent rapidement le roussi parce que dans le quartier, ni les truands armés, ni ceux en col blanc, ni les flics ne plaisantent quand on essaie de la leur faire à l’envers, il se pourrait bien que Carney parvienne tout de même à tirer son épingle du jeu.
Lutte des classes à l’aigre plus que doux, proxénétisme et banditisme qui empruntent au cocasse sans échapper à la violence, l’humour mordant ne parvient pas à évincer l’âpreté de l’époque.
Executeur testamentaire en revisite du roman noir américain, Colson Whitehead excelle dans cette peinture de la réalité politique et sociale de Harlem au début des années 1960.