Archives de catégorie : Bandes dessinées

Bobigny 1972 de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel

“L’indécence, Monsieur le Président, ce sont ces femmes sur le banc des prévenues. Pas de raconter la réalité et la vérité sur ce que nous vivons.”

Les mots de Pryscilla sous la plume de Claire :

Cette bande dessinée raconte l’histoire du procès qui a permis à Simone Veil d’arriver jusqu’au Parlement pour présenter la loi de légalisation de l’avortement.

C’est un gros coup de cœur car c’est un sujet qui est au cœur de l’actualité. Il ne faut jamais relâcher notre vigilance car aujourd’hui rien n’est garanti. Comme le dit si bien Caroline Deyns dans MURmur «Toute loi est réversible». Nous avons aussi un devoir de transmission aux jeunes générations et cette bande dessinée y contribue.

Je l’offrirai à toutes les femmes que je connais, et en particulier à toutes les jeunes femmes. Je pourrai aussi l’offrir à des hommes un peu bornés sur la question. Sérieusement, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.

Pour suivre les “Waouh de Claire”, c’est par ici :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire

Le Jardin, Paris, de Gaëlle Geniller

Le Jardin est un cabaret parisien au succès grandissant où les danseuses portent un nom de fleur. Rose grandit au milieu de toutes ces femmes et c’est imprégné de leur grâce et de leur beauté qu’il monte sur scène à son tour.

Dans le Paris des années 20 sublimé par l’esthétisme de l’Art Nouveau, le talent de ce jeune homme éclot et s’épanouit telle une fleur délicate et puissante.

Un roman graphique magnifique tant par son illustration que par son histoire, doux et bienveillant, porteur d’un message de liberté, d’acceptation de soi, de solidarité, de respect… une lecture qui fait du bien aux yeux et au cœur.

Palmarès Festival d’Angoulême 2024

Grand prix de la ville d’Angoulême : Posy Simmonds

Fauve d’or : “Monica” (de Daniel Clowes chez Delcourt)

Prix spécial du Jury : ” Hanbok” (de Sophie Darcq chez Apocalypse)

Fauve prix Jeunesse : “L’incroyable Mademoiselle Bang” (de Yoon-sun Park chez Dupuis)

Fauve prix spécial du jury Jeunesse (ex aequo) : “Bâillements de l’après-midi” (de Shin’Ya Komatsu chez Imho) et “Les Petites Reines” (de Magali Le Huche chez Sarbacane)

Fauve du patrimoine : “Quatre japonais à San Francisco” (de Henry Yoshitaka Kimaya chez Revue Onapratut)

Fauve de la série : “The nice house on the lake” (de James Tynion IV, Álvaro Mártinez Bueno et Jordie Bellaire chez Urban Comics)

Fauve révélation : “L’homme gêné” (de Matthieu Chiara chez L’agrume)

Fauve de la BD alternative : “Aline” (Hollande)

Fauve polar : “Contrition” (de Carlos Portela et Keko chez Denoël Graphic)

Éco-Fauve : “Frontier” (de Guillaume Singelin chez Label 619)

Fauve des Lycéens : “Le visage de Pavil” (de Jérémy Perrodeau chez 2024)

Fauve du public : “Des maux à dire” (de Bea Lema chez Sarbacane)

Prix René Goscinny du Meilleur scénario : Julie Birmant pour “Dali” (chez Dargaud)

Prix René Goscinny du Jeune scénariste : Simon Boileau pour “La ride” (chez Dargaud)

Le Meunier Hurlant de Nicolas Dumontheuil (d’après le roman de Arto Paasilinna)

Un petit village du nord de la Finlande, peu après la guerre, voit arriver un inconnu qui rachète et remet en marche le vieux moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier Gunnar Huttunen a malheureusement un défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont dès lors qu’une idée, l’envoyer à l’asile. Mais Huttunen, soutenu par la conseillère rurale Sanelma Käyrämö, est bien décidé à se battre pour défendre sa liberté.

Joie de retrouver les inoubliables personnages du roman de Arto Paasilinna dans cette adaptation BD tout en sépia aussi génialement décalée que l’œuvre dont elle s’inspire…

Futuropolis éditions. 24 euros.

Trois bandes dessinées à découvrir

3 belles bandes dessinées dans les bacs, 3 biographies aux graphismes subtils et détonants mêlant récits intimes et histoire du début du XX° siècle :

-“Madones et putains” réalisé par Nine Antico ed. Dupuis coll. Air Libre

Un magnifique n&b où l’on suit les portraits d’Agata, Lusia et Rosalie, femmes Italiennes prisonnières ou rebelles de leurs conditions sociales

-“Gisèle Halimi une jeunesse Tunisienne” scénario de Danièle Masse dessins de Sylvain Dorange ed. Delcourt coll. encrages.

Avant de devenir une grande avocate plaidant et défendant les causes féministes, Gisèle Halimi grandit dans une famille juive à Tunis durant le protectorat français. On suit son enfance, le lien avec ses parents, comme naît son sens de la justice et ses convictions politiques.

-“Les choses sérieuses Jean Costeau & Jean Marais” scénario d’Isabelle Bauthian dessins de Maurane Mauzars, ed.Steinkis coll.Dyade.

Couple d’amoureux mythique dans l’histoire des arts et du théâtre, l’arrivée de la guerre, la montée de l’antisémitisme à Paris et leur volonté farouche de continuer à créer.

Venez découvrir ses trois beaux ouvrages à la librairie.

Faut faire le million – Gilles Rochier

Une nouvelle bd de Gilles Rochier aux éditions 6 pieds sous terre collection Monotrème dans les bacs de la librairie !

Comment vous dire… Quand l’amitié tourne pas toujours dans le bon sens, vous tire un peu vers le bas, vous fait légèrement fissurer mais vous soutien quand même, rajouté en plus une couche de violence sociale bien épaisse. Gilles Rochier continue de décrire la banlieue et ses gars devenus des “anciens” continuant à tenir les bancs et à naviguer à vue en affrontant les coups durs. Il met en scène leurs langues, leurs craintes, leurs liens, leurs solutions, avec son regard lucide, ses dialogues précis et percutants comme on les aime. Chaque séquence décrite nous fait avancer dans son univers où il est tout à la fois narrateur principal, observateur et électron libre.

En bonus on vous propose même de re-découvrir un autre opus “TMLP” primé à Angoulême en 2012 sur des sujets pas évidents : enfance, précarité, maternité , sexualité et débrouilles…
Album précédé de “Temps mort” (ed. 2000) et suivi de “La petite couronne” (ed.2017).

Gilles Rochier réalise des bd depuis plus de 20 ans, tenant le terrain il décrit les quartiers qui l’entoure et la vie qui en découle composée dans les grands ensembles urbains et révélée dans de petits détails réalistes. C’est un regard singulier qui trace son sillon. A lire sans plus attendre.

Les Pizzlys de Jérémie Moreau

Un récit haut en couleurs acidulées, un découpage hors pair, une narration qui file et des dialogues ciselés.

C’est l’histoire d’une fratrie : Nathan, Zoé et Etienne, orphelins citadins ubérisés et accros aux écrans et leur rencontre avec Annie, une veille dame qui retourne dans son pays qu’est l’Alaska après 40 ans de mariage en France. Elle les emmène dans son monde et sa culture, qui a changé : le climat se détraque, les eaux montent, les espèces animales se mélangent, l’alcool dévaste les peuples autochtones.

C’est l’histoire d’une rencontre entre des êtres, qu’ils soient enfants ou adultes, apprenant à s’adapter dans de nouveaux paysages et modes de vie. C’est aussi l’histoire d’une rencontre entre Inuits & Européens, l’histoire d’accidents et de perditions. C’est l’histoire de l’évocation des anciens mythes comme des boussoles et l’espoir d’un futur dans un présent instable.

Cette bande dessinée de Jérémie Moreau est un bijou, son tempo, ses dessins, ses couleurs flashs nous emportent avec tout l’intranquille décrit, nous ouvre vers des possibles, ravive nos imaginaires et nos pensées. Merci.

C’est à découvrir absolument, à lire et relire.

La Bigaille, histoire d’une utopie culturelle collective de Thibaut Lambert

On en revient toujours à la même chose. Mettre de côté l’égo et l’individualisme au profit d’un collectif.

Cela ne veut pas dire qu’il faut fermer sa gueule. Mais laisser une place à tout le monde. (…)

La belle histoire de “La Bigaille”, bar culturel et associatif à Marennes en Charente-Maritime ou comment un groupe de citoyens.nes en mal de culture et de vivre ensemble a pris les choses en main pour redynamiser leur petit coin de verdure. Mode d’emploi à l’usage de celles et ceux qui voudraient se lancer, retour d’expérience et surtout, récit d’une belle aventure commune rendue possible par l’engagement de chacune et chacun pour le bien-être de toutes et tous.

Aux éditions Des ronds dans l’O.

Héliotrope T1. Les voleurs de magie de Joann Sfar & Benjamin Chaud

Mon drame a commencé ainsi. Ça va sans doute vous faire marrer, mais je vous garantis qu’y a pas de quoi rire. Juste avant de m’appeler Héliotrope, j’avais la même couleur que vous.

Pas facile de passer inaperçue au collège et de se faire des amis quand on est élevée par une grand-mère qui déjeune d’un bol de vodka céréales, que ses parents sont incarcérés (préférer “sans profession” pour les papiers officiels 🙂) et qu’on appartient à une lignée de cambrioleurs voleurs d’objets magiques.

Lorsque par amour pour la belle Calypso, celle qui n’est pas encore devenue Héliotrope décide, avec l’aide de sa copine vampire Aspirine (clin d’œil à une autre héroïne de Sfar) de subtiliser la plus rare des couleurs, elles va rapidement regretter de ne pas avoir tenu compte du panneau “NE PAS TOUCHER” !

Cœur d’artichaut au caractère bien trempé, rebelle à toute autorité et totalement casse-cou , Héliotrope, armée de son Nokia hors d’âge et d’une bonne dose d’humour va se retrouver mêler à de bien étranges aventures et devra faire preuve d’une intrépidité digne d’Indiana Jones pour échapper à tous ceux qui convoitent le mystérieux “objet” sur lequel elle vient de mettre la main…

Un premier tome que l’on dévore d’une traite et qui donne terriblement envie de lire la suite !

Colette Magny. Les petites chansons communistes de Yann Madé

Ne pas chanter pour mais donner la parole.

Non, Colette Magny ce n’est pas que ‘Mélocoton” et on en est même loin !
Entre la secrétaire bilingue à l’OCDE et la corpulente pintade insoumise, il y a une vie de luttes et de rencontres.
Son oeuvre artistique profondément inspirée par ses engagements, de la Guerre d’Algérie jusqu’aux mouvements antiracistes des années 1980, et les coups de gueule, marques de fabrique de cette immense artiste, jalonnent les pages de cette passionnante BD et nous la racontent dans toute sa radicalité.
Des textes de ses chansons rythment cette biographie qui n’accorde que très peu d’entorses au réel et on croise des tas de personnes formidables dont on est très content d’entendre parler (pour une fois…)
Et merci Pierrot d’avoir travaillé l’auteur au corps pour que cette pépite voit le jour. 😉

(Gros, très gros) Coup de cœur ❤❤❤