Archives de catégorie : Romans ado

« Quand le passé frappe à la porte » de Lucile G.

Une toute nouvelle collection « Place aux jeunes… » aux éditions du Piaf qui donne un espace d’expression aux plumes des ados, écrivains et écrivaines en herbe.

Ce premier titre signé Lucile G. est une petite pépite.

Huis-clos aux rebondissements aussi étranges que surprenants, ce texte bref et dense entraîne lecteurs et lectrices dans l’esprit torturé de Georges. Auteur en manque d’inspiration, il reçoit une visite qui va bouleverser complètement son rapport au monde et à son passé. Nous ne vous en dirons pas plus si ce n’est que la fin nous a laissé bouche bée avec l’envie d’en lire davantage…

Vivement la suite, Lucile G. 🙂

Prysc, Elo et Noémie, à l’unanimité, on a beaucoup aimé !

Si toi aussi, tu écris, n’hésite pas à envoyer tes textes aux Éditions Le Piaf.

Harceleur de Arthur Ténor

Une terrible information annonçant au journal télévisé le suicide de la jeune Marilou, harcelée par des élèves de son collège, va complètement bouleverser le cours d’une soirée en famille. Le malaise du père est palpable et sa femme, Aurélie, va l’inciter à raconter ce qui provoque son trouble malgré les protestations de Lucas, leur fils de 13 ans, pour sa part impatient de s’affaler sur le canapé pour regarder un film. Quentin, aujourd’hui père de famille et adjudant-chef dans la gendarmerie, se retrouve plongé dans son passé et redevient le temps du récit cet élève du collège Brassens tour à tour harceleur, harcelé et protecteur.

Un excellent petit roman à lire dès 12 ans qui décortique avec clarté les mécanismes du harcèlement aussi bien lorsque les ados sont face à face que derrière leur smartphone à sévir dans le monde virtuel des réseaux. Sans être moralisateur, Arthur Ténor démontre les conséquences possibles de la violence lorsqu’une victime décide de se rendre elle-même justice et désigne, à travers le parcours de ses différents personnages, les portes auxquelles les jeunes confrontés à de telles situations peuvent aller frapper pour trouver de l’aide. Aucune place, celle du harceleur comme celle du harcelé, n’est définie pour toujours et le jeu des chaises musicales peut faire basculer les rapports de force toxiques, briser des vies et avoir de lourdes conséquences pour les ados et les adultes qu’ils deviendront.

C’est également un livre touchant et rempli d’une belle énergie, l’amitié qui se noue entre Quentin, ex-bourreau et Marvin, sa victime en classe de 5ème, autour d’une cause commune se veut porteuse d’un message positif de solidarité et de réconciliation.

Un mot de l’auteur et un entretien avec un principal de collège sont à découvrir à la fin de l’ouvrage. Même si la prévention et les moyens d’action en ce qui concerne le harcèlement scolaire sont encore largement perfectibles, la voie est ouverte…

S’arracher de Marc Daniau

« Et là tu sais. Elle chuchote, Papa s’est tué.

Et vous chutez, aspirés par le carrelage devenu immense jeu d’échecs. Pauvres Alices sans merveilles aspirées par l’outre-vie.« 

Dans une France « d’avant » où on servait du vin rouge aux élèves à la cantine, Lucas est celui dont le père, banquier, s’est suicidé. douleur et effondrement dans sa famille, silence et malaise des adultes, incompréhension de ses copains, Lucas enfourche sa mob et fuit pour oublier, pour voir la mer, pour être un autre et ailleurs.

La biche aux abois malmenée par les chiens de meute, trimballée dans un camion et relâchée, effrayée, pour devenir la proie d’une chasse à courre, fuit devant la puanteur des humains et de leurs chiens, le bruit, la violence.

C’est sur un pont que leurs chemins se rencontrent et que leur destin à tous deux se joue en un éclair.

Un texte court et pudique autour d’un ado, jusque là comme les autres, qui doit faire face au suicide de l’un de ses parents et retrouver l’envie de vivre et de continuer.

Une lecture forte pour les ados de 15 ans et plus.

Juste avant que de Joanne Richoux

« C’est quoi le sexe ? Si je me fie aux écrans, c’est réservé aux beaux. Est-ce qu’on est beaux, nous deux ? Est-ce qu’on va goûter à ce délire cosmique des gens beaux sur les écrans ? Ou est-ce une vieille tradition qu’on perpétue à cause des neurotransmetteurs ? Je suis amoureuse de lui, je le jure. Ses cheveux, sa dépression, ses cernes, ses chaussettes. Et si je ne l’aimais pas ? Et si c’était l’adrénaline ? L’ocytocine ? Les phéromones ? Pourquoi le sexe serait une affaire sérieuse ? Dédramatise. Pourquoi on ne pourrait pas niquer comme on cuisine du potimarron ? En pyjama, en rigolant, complices. Si ça se trouve on peut ? Dédramatise. »

Dehors, l’insurrection gronde. Il y a eu le réchauffement climatique, la crise énergétique, l’emprise des réseaux, des tirs sur une foule jeune et désarmée… Tandis que le monde dégringole, derrière les murs de l’appartement dans lequel ils se retrouvent presque tous les jours, deux jeunes gens s’aiment et se désirent. Rien n’est encore arrivé…

Avec leurs doutes, leurs peurs, leurs écorchures, leurs casseroles, ils se cherchent, se regardent, se racontent et se laissent emporter par leur désir, juste avant que…

Un texte éblouissant qu’on dévore avec la même urgence de lire que celle des deux personnages à se toucher. Il est question d’amour, de sexe, de politique et d’un désir qui ne tarit pas face au chaos.

Un grand coup de cœur pour ce texte de la collection « L’Ardeur » aux éditions Thierry Magnier pour toutes et tous à partir de 15 ans. Osez l’Ardeur !

Miettes (humour décalé) de Stéphane Servant

« Depuis toujours on répète aux garçons : « Le monde est à toi, il t’appartient. » et ça justifie tout. Les guerres, les viols, les mains au cul et les humiliations.

Non mais, sérieusement, qui a décidé, un jour, que les dix centimètres entre nos jambes nous donnaient droit au pouvoir ? Au respect ? A l’amour ? Que les plus forts d’entre nous pourraient écraser les autres ?

Là, je me suis dit : c’est pas possible, en fait, c’est une blague !

C’est ça, ça peut être que ça : une mauvaise blague !

Une blague de mec, bien lourde, bien grasse et tristement ridicule. »

Fête de fin d’année au lycée, les numéros se succèdent sur scène et il attend, un peu mal à l’aise, dans les coulisses. C’est son tour et le message qu’il a à délivrer ce jour-là devant les autres élèves et les enseignants.es n’est pas tout à fait celui qu’il avait travaillé avec son professeur de français, Monsieur Almendra… Le voyage scolaire a laissé un goût amer dans sa gorge et il est bien décidé à briser le silence imposé par quelques siècles de toute puissance patriarcale et d’éducation genrée.

Le monologue percutant, drôle, grinçant, d’une lucidité frappante d’un jeune garçon qui s’en tape d’en avoir ou pas et qui en a ras le bol de garder sa souffrance, son indignation et sa colère pour lui.

La collection « Court toujours », c’est un roman en trois versions : Un format « papier », de l’audio et du numérique. Nos grands.es ados (à partir de 14 ans) auront le choix pour découvrir ce texte tout à fait génial.