Archives de catégorie : Bandes dessinées

La Bigaille, histoire d’une utopie culturelle collective de Thibaut Lambert

On en revient toujours à la même chose. Mettre de côté l’égo et l’individualisme au profit d’un collectif.

Cela ne veut pas dire qu’il faut fermer sa gueule. Mais laisser une place à tout le monde. (…)

La belle histoire de « La Bigaille », bar culturel et associatif à Marennes en Charente-Maritime ou comment un groupe de citoyens.nes en mal de culture et de vivre ensemble a pris les choses en main pour redynamiser leur petit coin de verdure. Mode d’emploi à l’usage de celles et ceux qui voudraient se lancer, retour d’expérience et surtout, récit d’une belle aventure commune rendue possible par l’engagement de chacune et chacun pour le bien-être de toutes et tous.

Aux éditions Des ronds dans l’O.

Héliotrope T1. Les voleurs de magie de Joann Sfar & Benjamin Chaud

Mon drame a commencé ainsi. Ça va sans doute vous faire marrer, mais je vous garantis qu’y a pas de quoi rire. Juste avant de m’appeler Héliotrope, j’avais la même couleur que vous.

Pas facile de passer inaperçue au collège et de se faire des amis quand on est élevée par une grand-mère qui déjeune d’un bol de vodka céréales, que ses parents sont incarcérés (préférer « sans profession » pour les papiers officiels 🙂) et qu’on appartient à une lignée de cambrioleurs voleurs d’objets magiques.

Lorsque par amour pour la belle Calypso, celle qui n’est pas encore devenue Héliotrope décide, avec l’aide de sa copine vampire Aspirine (clin d’œil à une autre héroïne de Sfar) de subtiliser la plus rare des couleurs, elles va rapidement regretter de ne pas avoir tenu compte du panneau « NE PAS TOUCHER » !

Cœur d’artichaut au caractère bien trempé, rebelle à toute autorité et totalement casse-cou , Héliotrope, armée de son Nokia hors d’âge et d’une bonne dose d’humour va se retrouver mêler à de bien étranges aventures et devra faire preuve d’une intrépidité digne d’Indiana Jones pour échapper à tous ceux qui convoitent le mystérieux « objet » sur lequel elle vient de mettre la main…

Un premier tome que l’on dévore d’une traite et qui donne terriblement envie de lire la suite !

Colette Magny. Les petites chansons communistes de Yann Madé

Ne pas chanter pour mais donner la parole.

Non, Colette Magny ce n’est pas que ‘Mélocoton » et on en est même loin !
Entre la secrétaire bilingue à l’OCDE et la corpulente pintade insoumise, il y a une vie de luttes et de rencontres.
Son oeuvre artistique profondément inspirée par ses engagements, de la Guerre d’Algérie jusqu’aux mouvements antiracistes des années 1980, et les coups de gueule, marques de fabrique de cette immense artiste, jalonnent les pages de cette passionnante BD et nous la racontent dans toute sa radicalité.
Des textes de ses chansons rythment cette biographie qui n’accorde que très peu d’entorses au réel et on croise des tas de personnes formidables dont on est très content d’entendre parler (pour une fois…)
Et merci Pierrot d’avoir travaillé l’auteur au corps pour que cette pépite voit le jour. 😉

(Gros, très gros) Coup de cœur ❤❤❤

Notre guerre contre le sexisme ordinaire de Kev Sherry, Helen Mullane et Katia Vecchio

Réagir face à l’intimidation et au harcèlement, ça s’apprend…

Le portrait de cette violence « ordinaire » à travers les histoires d’un groupe de jeunes lycéennes et lycéens. Qu’elles et ils soient victimes ou bourreaux, personne n’en sortira indemne et les répercussions de leurs choix d’ado marqueront irrémédiablement les adultes qu’elles et ils deviendront.

Pas de virtuel dans ses pages, personne ne se cache derrière un écran et les face à face entre jeunes n’en sont que plus percutants tant pour eux-mêmes que pour les lecteurs que nous sommes.

Une BD qui ne mâche pas ses mots et souligne la nécessité d’en parler et de parler avec nos ados…

Dès 15 ans.

Les cœurs insolents de Ovidie et Audrey Lainé

« La seule différence avec aujourd’hui, c’est qu’on n’en parlait pas. On avait appris à trouver ça normal.« 

« Les cœurs insolents » ou le portrait d’une génération sans nom « biberonnée » au sexisme ordinaire, génération de celles qui sont nées entre la fin des années 70 et le début des années 80, les « quadra » d’aujourd’hui.

Quoi faire du vent de liberté qui a emporté ces ados et qui contraste radicalement avec le vécu de leur mère au même âge ? Comment devenir une femme libre et une mère « en équilibre » quand on traine lourdement le poids d’une éducation et du patriarcat ?

Ovidie, Audrey Lainé et Wendy Delorme (quelle préface !!) interrogent, racontent et se racontent. Et à travers l’histoire de ces adolescentes, sans doute la votre, la notre, celles des filles qui ont appris à dire « non » aux violences mentales et physiques trimballées en toute banalité par la société de cette fin des années 1990…

Pour en savoir plus sur les autrices, c’est par là… et c’est non exhaustif !

https://www.audreylaine.fr/

http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_liste_generique/C_86248_F

https://www.cambourakis.com/auteur_livre/wendy-delorme/

Tananarive de Sylvain Vallée et Mark Eacersall

 » Je vais à Tananarive.

où ?

À Charleville-Mézières. »

Amédée, notaire à la retraite, aventurier de canapé et hypocondriaque encore en activité, n’a rien d’un enquêteur chevronné. À la mort de son ami et voisin, Jo, dont il aimait écouter les aventures rocambolesques, le vieil homme va pourtant se lancer dans un road trip farfelu pour retrouver la piste du fils inconnu de son vieux compère.

Ce polar décalé, dont le héros sent franchement la naphtaline, entraine le lecteur dans des coins bien moins exotiques que ce qu’il pourrait l’envisager à la lecture des premières pages… Mais le charme opère très rapidement !

On se laisse embarquer à la suite de Amédée qui, au fil de son enquête sur la vie réelle de feu son acolyte, en découvrira tout autant sur lui-même que sur Jo…

Un roman graphique initiatique, touchant et plein d’humour qui fait la part belle au « grand (et bel) âge » et nous rappelle ô combien il n’est jamais trop tard.

quelqu’un a qui parler, Gregory Panaccione et Cyril Massarotto

Samuel fête ses 35 ans, seul. La déprime s’installe et il réalise qu’il n’a personne à qui parler. Il appelle le seul numéro qu’il connait par cœur, celui de son enfance. Par un jeu du hasard, c’est le petit Sam de dix ans qui lui répond…

Une belle BD pleine de tendresse qui place un homme face à l’enfant qu’il était et lui fait réaliser qu’il l’a trahi en abandonnant ses rêves et ses envies. Et si c’était l’occasion de changer et de reprendre sa vie en main ?

L’écorce des choses, de Cécile Bidault

Une Bd douce et poétique, qui nous plonge dans le quotidien et les rêveries d’une petite fille sourde. L’absence de texte nous confronte au silence qui compose son monde et le dessin prend tout son sens.

Une jolie BD qui aborde le thème de la surdité et très accessible.

Lever l’encre, voyages et tatouages de Cookie Kalkair

De Tokyo à Tahiti, d’Amsterdam à Plouhinec, Bruxelles ou Montréal… Une balade vraiment originale dans la culture du tatouage racontée au fil de voyages aux quatre coins du globe…

Des anecdotes sur l’univers du tattoo, sa pratique, ses traditions ponctuent les lieux et les rencontres eux-mêmes prétextes à de nouveaux motifs qui viennent e/ancrer les « moments choisis » de la vie du narrateur dans sa peau.

Les curieux y trouveront des éléments documentaires sur l’histoire du tatouage, les différents styles et ses pratiques. Les habitués du tattoo se laisseront embarquer dans des souvenirs qui leur rappelleront forcément leurs propres expériences… et pour ceux qui hésitent encore à franchir le cap et passer sous les aiguilles auront de quoi se décider en toutes connaissances de cause…

Anaïs Nin, sur la mer des mensonges de leonie bischoff

Anaïs Nin est née en France de parents d’origine cubaine, « déracinée » après leur séparation en 1914, elle vit auprès de sa mère et ses frères et sœurs à New-York. Elle se marie au début des années 1920 avec Hugh Parker Guiler, jeune et prometteur banquier, et revient s’installer en banlieue parisienne à ses côtés. C’est là qu’elle fera la connaissance de Henry Miller…

Le parcours d’émancipation d’une femme hors du commun pour son époque et le milieu social auquel elle appartient. Jeune fille « de bonne éducation », Anaïs sent le manque et les limites qui la cloisonnent dans un personnage qui ne lui permet pas d’exprimer les différents aspects d’une personnalité complexe et profondément sensuelle.

Indissociable du « Journal » auquel elle s’astreint quotidiennement, sorte de miroir libérateur et sublimant de celle qu’elle aspire à être, elle s’ennuie et s’enlise pourtant dans un rôle d’épouse.

« Si je ne me crée pas un monde par moi-même et pour moi-même, je mourrai étouffée par celui que d’autres définissent pour moi. »

Sa rencontre avec Henry Miller agit comme une naissance à elle-même et libère à la fois la femme et l’auteur que nous connaissons aujourd’hui.

Des amants, des maîtresses, une sexualité sulfureusement épanouie, l’inceste, la danse, l’expérience de la psychanalyse et l’écriture, toujours l’écriture jalonnent ce portrait d’une femme libre, indifférente aux tabous et tumultueusement inspirante…

« Je peux maintenant aimer un homme comme un égal. Comme un amant et un créateur. Et je choisis d’être moi aussi le créateur.

Je ne serai jamais parfaite.

Je ne serai jamais une seule femme, ou l’amante d’un seul homme.

Je vais vivre ces multiples vies, explorer les milles facettes de mon être, et vivre avec passion, de toutes mes forces. »

Le dessin de Léonie Bischoff semble cousu sur mesure tant il est difficile en refermant ce roman graphique de ne pas imaginer la véritable Anaïs Nin telle qu’elle apparaît dans ses pages. Son coup de crayon sublime l’imagerie et les couleurs des années 1930, et l’érotisme et la sensualité qui se dégagent de ses planches sont d’une beauté lumineuse.

Un immense coup de cœur…

https://www.franceinter.fr/emissions/une-journee-particuliere/une-journee-particuliere-11-octobre-2020