Archives par mot-clé : Roman

Une soupe à la grenade, de Marcha Mehran

Bahar, Marjan et Layla ont fuit l’Iran et ses violences à l’aube de la révolution. Quelques années plus tard, elles s’installent dans une petite ville d’Irlande pour ouvrir un café. Leur cuisine persane, mystérieuse, délicate et parfumée, suscite la méfiance autant que la curiosité. Elles vont devoir se faire une place dans ce nouvel environnement et affronter les non-dits d’un passé douloureux.

Un roman savoureux dont chaque chapitre est introduit par une recette et où les effluves ensorcelants ravivent les souvenirs, donnent du courage réalisent les rêves.

Une lecture qui met l’eau à la bouche !

Les meilleures recettes sont celles qui ne sont pas écrites, celles qui arrivent quand vous vous servez un verre généreux, passez une chanson apaisante et laissez les riches ingrédients vous guider.”

La femme et l’oiseau, Isabelle Sorrente

Élisabeth avance dans sa vie comme tirée par un ressort, pour éviter de regarder en arrière, tenir pour sa fille. Lorsque Vina, enfant précoce, est exclue du lycée, elles se réfugient en Alsace chez son grand-oncle Thomas, vieil homme solitaire qui a un lien particulier avec les oiseaux.

Un roman qui réuni une femme blessée, une fille en colère et un vieil homme hanté par son passé qui va leur apprendre à voir le monde autrement.

L’essentiel est de déplacer ton esprit, tu vois, même un tout petit peu. De voir les choses sous un autre angle. Quand tu commences a changer de point de vue, c’est un peu comme si… comme si tu apprenais a marcher.

Mahmoud ou la montée des eaux de Antoine Wauters

“… Dire une terre qui survit au massacre de l’enfant.”

Verdier éditions, à paraître le 26 août.

“Moi, Mahmoud Elmachi, je n’espère plus rien”

Mahmoud Elmachi n’a pas pas toujours été ce vieil homme ravagé par la solitude qui a trouvé refuge dans un cabanon sur les berges du lac el-Assad, au nord de la Syrie. Il n’a pas toujours été ce père et ce mari rongé par la douleur qui chaque jour, comme une bouteille lancée à la mer, dépose trois tartines de concombre et de fromage de chèvre sur de petits monticules de pierres.

Avant que Mahmoud ne rame et ne plonge, mains tendues vers son passé, il y avait une autre vie, d’autres vies… Enseignant, homme de lettres et poète, Mahmoud a voyagé, il a écrit, aimé Leïla et Sarah, “enfanté”, il a été un homme libre et heureux malgré les épreuves que la vie a mises sur sa route.

Dans les profondeurs des eaux du lac reposent ses souvenirs d’enfance et de jeunesse engloutis avec son village par la construction du barrage de Tabqa en 1973, vaniteux projet de Hafez el-Assad, père de Bachar, destiné à dompter les caprices de l’Euphrate.

1987. Le basculement… Mahmoud est jeté en prison à son retour de l’étranger et passera trois longues années dans les geôles syriennes à payer durement son refus de participer à la propagande du régime. En 1990, la mort du “petit père du Baas” et l’accession au pouvoir du fils, Bachar, apparaissent comme un espoir… Bien vite déçu, l’espoir…

Guerre civile, printemps arabes et répression. Une nouvelle page de violence s’ouvre et emporte avec elle les enfants de Mahmoud partis combattre aux côtés des opposants au pouvoir. Au loin, au pied du barrage, le bruit sourd des combats sonne comme le rappel permanent d’une histoire qui n’en finit pas avec la brutalité…

Un texte sombre, qui à travers celui de Mahmoud et des siens, dépeint le destin de tout un peuple, de tout un pays, qui depuis ses premières tentatives d’indépendance dans les années 1920 ne baisse pas les bras face à l’oppression et la dictature. Et de la lumière, tellement de lumière et de beauté dans ces pages en vers libres qui, au-delà des questions géopolitiques contemporaines, nous parlent d’amour et “(d’)histoires de lune, d’eau et de vent”.

Un immense coup de cœur.

Du même auteur, en collection Folio aux éditions “Gallimard”, le sublime “Pense aux pierres sous tes pas”

Vers le soleil, de Julien Sandrel

Pour Sienna, Sacha est un oncle un peu fantasque. En réalité, il est un comédien engagé par sa mère pour palier l’absence de son père. Mais quand Tess disparaît, Sacha réalise que son attachement à la fillette est bien plus profond qu’il ne le pensais. Alors qu’on ignore si Tess est encore en vie, Sacha cache la vérité à la fillette et réalise qu’il est prêt à tout pour qu’on ne les sépare pas…

La rivière de peter heller

Dans le Nord du Canada, Wynn et Jack se lancent dans une aventure en canoé attendue de longue date, la descente du fleuve Maskwa.

Animés par l’énergie de leur jeunesse, complémentaires et unis par une solide amitié parfois teintée d’une certaine rivalité “virile” sur les questions de pêche et de lecture de la nature qui les entoure, tous les éléments semblent réunis pour que les deux garçons profitent d’une belle promenade bucolique à travers des paysages sublimes et sauvages.

Si Jack avait la vue aiguisée d’un chasseur, Wynn avait beaucoup plus d’expérience en eaux vives et remarquait les lignes et les trous dans les rapides, là où Jack ne voyait que le chaos (…)

Mais, ce roman est signé Peter Heller, tout n’est donc pas si idyllique ! Et l’excursion au grand air prend rapidement une toute autre dimension… Alors qu’un immense brasier enflamme la forêt, les deux hommes devront faire face à l’urgence pour sauver leur peau.

Face aux dangers qui les menacent, chacun découvre chez l’autre un visage jusqu’alors inconnu et la tension va crescendo avec les épreuves que la situation de plus en plus compliquée leur impose. Le froid, la faim et les aléas de cette bonne vieille nature humaine, rien ne leur sera épargné.

Peter Heller, dans ce quatrième roman traduit chez Actes Sud confirme encore une fois que son amour de la nature et de l’aventure n’a d’égal que son goût pour le roman noir. Une descente de rivière vertigineuse qui fait rimer supense, poésie et “nature writing” sans jamais se départir d’une solide humanité… Laissez-vous embarquer !

Je vais enfoncer une porte (facilement) ouverte et vous dire que tout cela à un petit goût de “Délivrance” (avis aux amateurs ! pas de banjo mais quelques notes de guitare)… et une pensée également pour le “Sukkwan Island” de David Vann.

Du même auteur, La Constellation du chien (Actes Sud, 2013), Peindre, pêcher et laisser mourir (Actes Sud, 2015) et Céline (Actes Sud, 2015 et 2019).

Les papillons, de Barcella

Alexandrin, doux rêveur, désenchante lorsqu’il prend conscience que ses papillons ont disparu.
Je les savais ici depuis ma tendre enfance, fidèles et valeureux. Les papillons n’étaient plus là ! Ils avaient déserté mon ventre.”
Ces petits frémissements qui palpitaient au creux du ventre ont laissé place au vide. Il faut les retrouver, réapprendre à aimer. C’est alors qu’arrive Marie…
Comme descendue des cimes où résident les étoiles, telle une épiphanie. Elle s’appelait Marie. C’est l’anagramme d’aimer. Je l’ignorais alors. Je le sais à présent.

Un roman lumineux et enjoué, doux et léger comme une aile de papillon, à la poésie qui fond comme un bonbon sous la langue.

Le livre des deux chemins, de Jodi Picoult

Rescapée d’un accident d’avion, Dawn part sur un coup de tête en Égypte, sur le lieu de fouilles où elle avait travaillé, étudiante. De retour à Boston, reprend le cours de son ancienne vie alors qu’elle a failli s’interrompre. Elle retrouve son mari, sa fille, son travail d’accompagnatrice de fin de vie. Rien n’a changé, c’est toujours la même routine. Vraiment ?

Un roman passionnant qui distille égyptologie et physique quantique en interrogeant sur les choix qui orientent notre vie et les différents destins que nous aurions pu connaître.

Les anciens égyptiens pensaient que le chaos était le premier ingrédient indispensable de l’univers. Il pouvait tout balayer sur son passage, mais c’était aussi l’endroit où l’on pouvait repartir de zéro.”

Semi, d’Aki Shimazaki

Tetsuo et Fujiko sont mariés depuis quarante ans lorsqu’un matin cette dernière ne reconnaît plus son mari et pense qu’ils ne sont que fiancés. La maladie altère ses souvenirs et fait remonter des secrets du passé… Tetsuo va tout mettre en œuvre pour découvrir la vérité et lui montrer son amour.

Un roman plein de douceur.

Ce que nous devons au vent, Laura Imai Messina

Yui et Takeshi se rencontrent dans le jardin de Bel Guardia, où se dresse le téléphone du vent. Cette ancienne cabine téléphonique est devenue un lieu unique, fréquenté par centaines de personnes notamment suite au tsunami de 2011. Un outil dont chacun usait à sa manière pour faire son deuil, un endroit où panser sa blessure et réparer sa vie. MrSuzuki veille avec bienveillance sur ce jardin et les nombreux visiteurs qui s’y rendent.

Un roman plein de douceur comme une métaphore rappelant qu’il est précieux de s’accrocher aussi bien au bonheur qu’à la peine. Même face aux pertes que la vie nous impose, nous pouvons nous ouvrir à tous les cadeaux qu’elle nous fait.

Juste un mot, de Frédéric Vinclère

Tout commence quand Lou-Victor laisse un mot au fond de la tirelire de son frère à la place de son argent. Paul lui répond et les deux frères, qui n’ont jamais été aussi proches que maintenant qu’ils sont éloignés, entament une correspondance dans laquelle ils vont se confier, et s’épauler.

Un super roman qui parle d’amitié et d’entraide, mais aussi du passage de l’enfance à l’adolescence.