Archives de catégorie : ♥ Coups de coeurs de Pryscilla ♥

Sssi j’te mords, t’es mort ! de Delye et hudrisier

Ce jour là, le lion se pavane à son habitude dans la brousse quand soudain… “Sssi tu bouges, j’te mords, et sssi j’te mords, t’es mort !” Le serpent sournois menace le roi de la savane ! Les voilà partis faire le tour des animaux pour savoir qui des deux est le plus fort…

Une fable drôle et pleine d’esprit portée par de superbes illustrations.

A partir de 4 ans.

Balbuzar, de Gérard Moncomble et Frédéric Pillot

Voici l’histoire de Balbuzar, grand pirate parcourant les mers et abordant les navires voguant entre l’Empire et Nouvelle-Pépite. Nul ne lui résiste et ses exploits sont légendaires. Bientôt, l’Impératrice décide de l’éliminer et envoie son Commodore à la tête d’une armada pour le combattre… Voici l’affrontement de ces deux marins d’exception, l’un porté par la puissance d’un empire et l’autre par son désir farouche de vivre et de liberté.

Ce combat, c’est aussi celui de l’Empire contre tous les gêneurs qui ne sont pas sous sa coupe. Une fable sur la liberté, sur la résistance, sur le pouvoir.

Un récit de piraterie enjoué, dans une langue pleine d’envolées sublimes, et porté par de grandioses illustrations !

A partir de 8 ans.

La terre demeure, de Georges R. Stewart

Coup de cœur de Pryscilla

Ish survit à une mystérieuse pandémie qui frappe la population. Jusqu’alors seul dans les montagnes, il découvre la disparition de la civilisation sans rien avoir vu des événements qui en sont à l’origine. Hébété et incrédule, il se lance sur les routes des États-Unis, de la Californie jusqu’à New-York, et son périple chaotique est prétexte aux premières observations. Il n’est pas le seul survivant et c’est en rebroussant chemin qu’il prendra la tête d’une petite communauté de rescapés.

La trame du roman ressemble à tant d’autres dans le registre de la fiction post-apocalyptique qu’on pourrait penser que cette œuvre de George R. Stewart n’a rien d’original, ce serait réducteur.

Le roman publié en 1949 (contemporain de 1984) est une réflexion d’une modernité terrifiante sur l’humanité et sa fin. Croissance exponentielle de la population et consommation irraisonnée des ressources sont déjà au cœur des interrogations de l’auteur. La place de la femme dans la société, celle des « Noirs, » l’opposition entre intellectuel et manuel, tout y passe et force est de constater qu’en 70 ans rien n’a franchement changé.

Le monde animal reprend ses droits dans des paysages redevenus sauvages et la désurbanisation est à l’œuvre, que reste t-il des « Américains » ? Des livres que plus personnes ne sait lire et dont les contenus ne sauront servir de point de départ à une nouvelle humanité… des vestiges d’une société disparue que les survivants « consomment » sans chercher à en percer les secrets… des bribes éparses de religions et de superstitions… une langue dont la majorité des mots ne font plus sens… Attentistes, partisans du moindre effort, voilà ce que nous dit Stewart de « ces hommes d’après », réjouissant !

Georges R. Stewart (1895-1980), spécialiste de toponymie et professeur d’anglais, est l’auteur de 27 ouvrages de fiction, toponymie, anthropologie et histoire américaine.

« Peut-être étaient-ils trop nombreux, les êtres humains, les vieux systèmes de pensées, les livres. Peut-être les ornières de la pensée étaient-elles devenues trop profondes et les restes du passé étaient-ils trop encombrants, comme des tas d’ordures ou des vieux vêtements. Pourquoi le philosophe ne se réjouirait-il pas de voir tout effacé d’un coup d’éponge ? Alors les hommes repartiraient de zéro et joueraient le jeu avec de nouvelles règles. Qui sait si le gain ne serait pas plus grand que la perte ? »

Malgré tout, de Jordi Lafebre

37 ans après leur première rencontre, Anna et Zeno se retrouvent, enfin. Par petites scènes, on remonte le fil de leur histoire d’amour, menée en parallèle de leur vies respectives, instants de complicités, de passions et de tendresses, jusqu’à leur première rencontre.

Ce magnifique roman graphique met en scène une belle histoire d’amour atypique. On remonte dans le temps sur leurs traces pour mieux reprendre la lecture dans le sens chronologique sitôt terminée !

Fin de saison, de Thomas Vinau

Coup de cœur de Pryscilla

« Qu’est-ce qui nous tient quand tout s’écroule ? »

Il existe des gens auprès desquels on se dit qu’on aurait toutes les chances de survivre à la fin du monde, Victor, n’en fait pas partie. Loser magnifique, fainéant jusqu’à l’art d’en vivre, bricoleur picoleur du quotidien, cet anti-héros ne nous vend pas du rêve. Reclus dans sa cave alors que les éléments se déchaînent, coincé entre la cuve à fioul et les cartons prêts pour le prochain vide grenier, avec pour seuls compagnons d’infortune un chien et Cono le lapin, ses chances d’être celui qui sauvera le monde et ses proches sont minces.

Dans ce roman où l’humour noir et l’ironie côtoient la poésie qui le caractérise, Thomas Vinau, nous livre les états d’âmes et réflexions d’un « monsieur tout le monde » confronté à l’effondrement. Évidemment, on s’y retrouve ! On aimerait pouvoir se convaincre que dans la même situation, on serait de ceux qui prennent les choses en main. Mais, il y a fort à parier qu’à l’image de Victor, bon nombre choisirait la gnôle et les conserves de grattons de canard.

Auteur génialement protéiforme, (romans, nouvelles, jeunesse et poésie entre autres) Thomas Vinau n’en finit pas de nous étonner. Ne passez pas à côté de ce livre, lucide contre pied à notre époque dopée à l’efficacité et aux résultats, vous sourirez, vous rirez et, même, vous réfléchirez !

Aux lecteurs charmés, à ceux qui ne le connaîtraient pas encore, à tous, le magnifique « Ici ça va » du même auteur est disponible aux éditions 10/18.

« Mais non monsieur, tu veux te plaindre, tac tac, on te fout une fin du monde. T’auras des bonnes raisons de chialer comme ça. Ah tu crois que le temps qui passe est une saloperie ? Tu vas voir qu’il y a pire mon cochon. Bien pire. »

Le blog de l’auteur, c’est ici : http://etc-iste.blogspot.com/

Isola, d’Asa Avdic

Coup de cœur de Pryscilla

2037, Protectorat de Suède. Après son difficile et très médiatisé retour de mission humanitaire, Anna Francis, mère célibataire, travailleuse acharnée, a bien du mal à retrouver sa place parmi les vivants.
Contactée par ses supérieurs hiérarchiques pour participer à une opération de recrutement classée secret défense, elle se retrouve accompagnée de six autres personnes sur une petite île déserte au climat hostile, Isola. Dès son arrivée sur les lieux, le rôle d’observatrice qui devait être le sien la place dans la terrifiante situation de témoin impuissant face aux étranges évènements qui se produisent. Saura-t-elle obéir aux ordres coûte que coûte ? Et parviendra-t-elle à quitter ce lieu si peu hospitalier ?

Dystopie et roman noir, le livre nous plonge dans un monde où la manipulation des esprits par les puissants n’a aucune limite lorsqu’il s’agit d’asseoir leur pouvoir. Ce huis clos implacable et tout en tension n’est pas s’en rappeler dans sa trame le classique d’Agatha Christie, (ex !) 10 Petits Nègres, revisité à la sauce suédoise.

Les dynamiteurs, de Benjamin Whitmer

Coup de cœur de Pryscilla

1895. Une bande d’orphelins menée par deux adolescents, Cora et Sam, tente de survivre dans le cloaque des bas fonds de Denver… Pas de quartier pour ces enfants laissés pour compte, il faut lutter pour manger et grandir en échappant au monde des « Crânes de Nœud » soit les adultes séparés en deux catégories : les putes ou les voyous.

« C’était que d’être adulte est en soi-même un genre d’arnaque. »

Lorsque Goodnight, géant au visage mutilé et muet, fait son entrée dans leur repère, Sam veut croire à une forme de salut… Mais, le jeune garçon se retrouve bien vite entraîné dans des affaires toutes aussi violentes que sordides et bientôt, face à l’engrenage dans lequel il a mis le doigt, Sam comprend qu’un premier mauvais choix n’est que le début d’une très longue série…

« Il y a une forme de salut dans le fait de haïr la merde qui est à l’extérieur de vous plutôt que la merde qui est à l’intérieur de vous. »

« La quintessence du noir » dit Pierre Lemaitre… Nous y sommes ! Sans pour autant rivaliser complétement dans la noirceur avec le précédent roman de Whitmer, Evasion (Collection « Totem », éditions Gallmeister) qui est un modèle du genre. Il y a du western dans l’atmosphère de ses pages et également un regard bienveillant, presque nostalgique sur les défavorisés. Une lecture qui ne laisse forcément pas indifférent entre hauts le cœur et moments de tendresse…

La petite dernière, de Fatima Daas

Coup de cœur de Pryscilla

Le récit autobiographique d’une jeune femme française d’origine algérienne et musulmane, troisième fille de sa fratrie, qui cherche et interroge sa place au sein de sa famille, de sa communauté et de sa religion. Déchirée entre l’affection pour ses proches et la réalité de ce qu’elle est au plus profond d’elle même, c’est cette souffrance terrible face à l’inconciliable qui parcourt les pages de Fatima Daas… Femme, lesbienne, française, mulsulmane, banlieusarde ; Comment se forger et s’accepter, être soi sans décevoir ni Dieu ni les siens, apprendre à aimer et accepter de l’être en retour sont autant de questionnements qui jalonnent ce tout jeune parcours de vie.

Un premier roman d’une grande force, entre litanie et prière, dont chaque début de « chapitre » accueille le lecteur par cette vérité immuable : « Je suis Fatima Daas ». Un texte et une voix qui portent avec puissance le sujet encore trop tabou de l’homosexualité dans la religion musulmane.

Le sanctuaire, de Laurine Roux

Coup de cœur de Pryscilla

Un virus transmis par les oiseaux a mis l’humanité à genoux, une famille trouve refuge dans une cabane isolée dans la montagne et tente d’y survivre dans une nature à la fois rude et généreuse…

Gemma a vu le jour dans le sanctuaire, sans rien connaître du monde tel que nous le parcourons… June, sa sœur et Alexandra, leur mère, regrettent ce passé perdu, dont le moindre détail est magnifié à travers les histoires que racontent cette dernière. Le père, dur et intransigeant, convaincu d’agir pour la survie de « son clan », exige de ses filles obéissance et soumission et leur impose un entraînement véritablement militaire. Mais, cette vie (ou ce qui s’y apparente) de privations et d’interdits, exigée au nom de la sécurité de tous, se fissure peu à peu lorsque Gemma rencontre un vieil homme accompagné d’un aigle majestueux…

Un texte d’une grande force pour une lecture « coup de poing »… le premier roman de Laurine Roux, Une immense sensation de calme, annonçait déjà un réel talent et un univers littéraire singulier. Cette seconde publication confirme pleinement les qualités de cette auteure accomplie…

On pense à Mccarthy, dont une citation ouvre le roman, à Thoreau… et au percutant My absolute darling de Gabriel Tallent… Un vrai grand coup de cœur !

Betty, de Tiffany McDaniel

Dans l’Amérique des années 60, la petite Betty grandit dans une grande famille, entre un père indien et une mère blanche, marquée par une enfance difficile. Ils vivent en marge, pauvres mais riches de ce que la terre leur offre et des histoires du père, qui embellissent la réalité et rendent le monde meilleur en l’emplissant de beauté et de merveilleux.

Un roman puisant qui oscille entre dureté et poésie, porté par la voix d’une enfant hantée par la violence du monde et portée par la force ancestrale des femmes cherokee. Une héroïne qui puise sa force dans les mots et l’écriture face à la perte de son innocence, qui l’arrache brutalement à l’enfance.

Non seulement papa avait besoin que l’on croit à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d’y croire aussi… Nous nous raccrochions comme des forcenées à l’espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées.