Tous les articles par La libraire

Ce qui vient après, de Joanne Topkins

Jonah se suicide en avouant le meurtre de son ami Daniel. La vie des familles de ces adolescents éclate face à ses drames inexplicables. Arrive Evangeline, jeune fille sans-abri et enceinte, qui va mettre de la lumière dans la vie d’Isaac qui la recueille et de Lorrie.

Un roman poignant et lumineux où trois êtres blessés vont devoir affronter leurs souvenirs et les douleurs sourdes du passé pour se reconstruire.

Café sans filtre, de Jean-Philippe Blondel

Depuis la réouverture du Tom’s après le confinement, Chloé s’y réfugie chaque jour, discrète observatrice des gens qui passent avec leurs histoires, cette femme avec son fils, ces deux hommes qui se retrouvent, mais aussi Jocelyne, l’ancienne patronne du bar et Fabrice, qui a pris la suite, avec José et ses envies d’évasion…

Un roman frais et léger qui se savoure comme un café en terrasse et qu’on referme avec le sourire !

Chef, de Gauthier Battistella

Paul Renoir grand chef gastronomique fraîchement élus “meilleur Chef du monde”, se suicide en plein tournage d’un film sur sa vie et son parcours. Alors qu’on s’interroge sur son acte, ses héritiers tentent de sauver son affaire et ses étoiles. Entre passé et présent, le parcours de l’homme sous la toque se dévoile, du sud ouest en passant par Paris jusqu’au lac d’Annecy.

Un roman intéressant sur la gastronomie française, de la guerre à nos jours, à travers le parcours d’un homme, élevé dans les cuisines de sa grand mère et devenu chef étoilé. Et nous fait entrer dans les coulisses des cuisines, univers rude et rigoureux, de passions , entre rivalités et solidarité

Usual victims, de Gilles Vincent


Quatre femmes se sont pendues dans les locaux d’une grande société. Suicides ? Le capitaine Delbard et son équipe, accompagnés d’une jeune stagiaire autiste, mènent l’enquête et pénètrent au cœur de cette multinationale et ses secrets obscurs…

Un thriller prenant, entre chronique sociale, plongée dans le Dark Web et manipulation.

American dirt, de Jeanine Cummins


La vie de Lydia bascule lorsque sa famille se fait massacrer sous ses yeux par le cartel. Seule rescapé avec son fils, elle s’enfuit et est contrainte de rejoindre le flot anonyme des migrants pour tenter d’échapper à ses poursuivants. Son parcours semé d’embûches et de rencontres, providentielles comme malencontreuses, lui fait traverser le Mexique vers la promesse d’El Norte

Il est dangereux de faire confiance à quiconque sur la Bestia. Il y a des bandits, des violeurs, des trafiquants, des voleurs et des narcos cachés dans les rangs de la policia de chaque ville, mais il n’y a pas que les policiers dont il faut se méfier. N’importe quelle personne qu’ils rencontrent justifie les soupçons [] même leurs camarades migrants. Surtout ceux-là.

Un roman bouleversant et haletant qui fait découvrir les migrants du Mexique, les cartels et narcos.

Le musée des contradictions de Antoine Wauters

(…) Nous sommes les hommes creux, nous avons besoin de preuves. Fracturés, schizophrènes sous nos manteaux de pluie, nous ne savons plus où donner de la tête. Trop de réalités, d’avis, de détails, et en même temps plus rien, comme si tout était vide.La génération qui veut se battre, qui devrait trouver du boulot, sauf qu’il n’y en a plus, qui veut décroître, quitter le monde de l’argent mais ne pas en manquer, la génération des constructeurs de cabanes pourtant incapables d’utiliser le marteau sans se ficher le clou dans le doigt.

D’où notre stupeur.

Peut-on tenir encore ? Non. Tiendra-t-on ? Oui. Car nous sommes les champions de la contradiction, nos vies entières sont des contradictions. (…)”

Un recueil de nouvelles qui enchainent des “discours” posés le cul entre deux chaises parce que les êtres humains sont “comme ça”, complexes et plein de contradictions.

Est ce que c’est un problème ? Ben non, vivre avec ses contradictions n’empêche pas d’agir et de faire du mieux qu’on peut avec ce qu’on a.

On peut rassurer, avec cette lecture, ceux qui se sentent imparfaits et imposteurs, ceux qui dérogent à leurs propres principes, ceux qui culpabilisent, vous n’êtes pas “pas à la hauteur” mais juste humains.

N’hésitez pas à continuer de faire de votre mieux malgré tout pourrait être le message de ce livre poétique empreint de bienveillance à l’égard d’une humanité qui doute.

Demi ciel de Joël Casséus

Non, non, nous sommes bien peu de choses.

Ils ne sont pas de ceux qui sont nés du bon côté du ciel. Péniblement, ils s’échinent sous la menace d’une guerre qui gronde au loin, dans la peur des milices qui rôdent et inlassablement, ils creusent le sol…

Sans nom, tapis dans des wagons, leurs regards qui ne portent pas plus loin que le mur, horizon fermé devant eux, il sont ceux avec lesquels l’espoir ne cesse de jouer. D’une voix propre à chacun, ils disent cette existence subie et soumise. La vie, c’est pour les autres, de l’autre côté du ciel.

Reflet métaphorique de ce monde violent et inégalitaire qui est le notre, un texte, beau et déchirant, qui pioche dans les pages sombres de notre mémoire collective.

Border de Jacques Houssay

J’aime chaque grain de poussière de cette terre que je maudis. Je suis cette terre sur laquelle je crache et qui a accueilli nos cris et nos silences, le corps des êtres aimés dans des rectangles profonds et froids, les roues qui dévalaient la pente vers ces profondeurs putrides dont nous sommes issus. Il ne sert à rien de fuir. Il n’est pas certain que je sois fou. (…)

J’aime ceux qui doutent, ceux qui ne sont pas frappés par l’évidence du bien fondé d’être là et de savoir y vivre. Seuls les vrais écorchés de la vie sont foutus de poser un regard attentif et tendre sur la merde comme, parfois, sur la beauté du monde et des gens.

Jacques Houssay, il le fait superbement, avec cette écriture à la poésie crue et magnétique qui vous laisse un peu ébouriffés à chaque fin de phrase.
Il vous faudra du café, je pense…

Lady Chevy de john Woods

(…) Tu veux savoir ce que c’est, ton problème ?

Mon problème ? – Oui. Le tien. Le sien

.- Vas-y, je t’écoute.

Croire ne serait-ce qu’une seconde que ce monde en a quelque chose à foutre de nous.

Dans ce trou paumé de l’Ohio, l’exploitation du gaz de schiste fracture et pourrit les sols aussi sûrement que les dérives d’une Amérique en perdition face à ses incertitudes secouent les personnages de ce roman tellement noir qu’il faudrait inventer une nouvelle couleur à lui coller aux pages.

Non, le monde n’est pas binaire. Et tels que nous admettons communément de les concevoir, les méchants et les gentils n’existent pas plus dans ce livre que la morale et la justice dans notre bas monde.

Attention, ça va secouer !

Les orageuses de Marcia Burnier

On dit pas vengeance, (…) c’est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d’autre n’est disposé à le faire

C’est comme ça après pour celles qui ont dit non sans être entendues. C’est comme ça pour les victimes de viol, n’ayons pas peur de dire les mots.

ARRETE de trembler. voilà, comme ça. Respire on a dit. T’arrête surtout pas de respirer. Regarde pas la traînée sur ton pull, regarde-la pas, on s’en fout si ça partira au lavage, au pire tu le jetteras, tu l’aimais même pas ce pull.

Et puis après ça continue encore, la peur, l’angoisse, la honte, le sentiment d’y être pour quelque chose dans ce qui est arrivé… Sauf que là ces “sorcières, (ces) sœurs, ces vengeresses, pétroleuses, prêtresses, toutes un peu abimées mais qui ont réussi à se rafistoler comme elles pouvaient” ont décidé que la peur devait changer de camp. C’est par leur blessure qu’elles se reconnaissent les unes dans les autres et puisent ce qu’il faut de colère salvatrice pour essayer d’en sortir, coûte que coûte et parce qu’il n’y a pas d’autre choix.

Un premier roman saisissant et nécessaire, à mettre entre toutes les mains, pour une révolte aussi vitale qu’urgente.

Un texte publié dans la collection “Sorcières” à découvrir aux éditions Cambourakis.

https://marciawanders.tumblr.com/