Archives de catégorie : ♥ Vos libraires ont lu ♥

Bel Abîme de Yamen Manai

« Vous savez, la tête, c’est une cheminée, la vie un long hiver et les souvenirs et les livres, des morceaux de bois.
(…)
Dans ce monde de façades, ce qu’il y a de plus précieux est ce qui coûte le moins. Un livre, une étreinte, et l’amour, l’amour, ne serait-ce que celui d’un chien.
« 

Tunisie, après ce printemps qui n’amènera que du vent à celles et ceux qui ont eu de l’espoir.

Le monologue d’un adolescent d’une quinzaine d’années, adressé alternativement à l’avocat commis d’office et au psychologue judiciaire, qui déroule le récit d’un avenir dos au mur dans un pays rongé par le désespoir et la misère.

Lorsque la violence et le mépris harcèlent de toutes parts et sont les seuls horizons, les seuls modèles et héritages, peut-on honnêtement parler de choix ? ne serait-ce que d’une possibilité de faire autrement ?
Comment faire lorsqu’on vous retire la seule petite lumière, apparue au milieu de cet enfer, qui laissait enfin croire qu’autre chose était possible ?
Quand il n’y a rien, nulle part et jamais, qui peut croire que la colère est injustifiée ?

Un texte court, fort et tristement réaliste sur la Tunisie d’aujourd’hui et ce qu’il reste de sa « révolution ».

Notre guerre contre le sexisme ordinaire de Kev Sherry, Helen Mullane et Katia Vecchio

Réagir face à l’intimidation et au harcèlement, ça s’apprend…

Le portrait de cette violence « ordinaire » à travers les histoires d’un groupe de jeunes lycéennes et lycéens. Qu’elles et ils soient victimes ou bourreaux, personne n’en sortira indemne et les répercussions de leurs choix d’ado marqueront irrémédiablement les adultes qu’elles et ils deviendront.

Pas de virtuel dans ses pages, personne ne se cache derrière un écran et les face à face entre jeunes n’en sont que plus percutants tant pour eux-mêmes que pour les lecteurs que nous sommes.

Une BD qui ne mâche pas ses mots et souligne la nécessité d’en parler et de parler avec nos ados…

Dès 15 ans.

Tandem, de Jean-Yves Beaujois

Et si notre campagne n’était pas aussi tranquille qu’on le soupçonne ?

Jonas est un quarantenaire qui mène une existence paisible, entre sa passion des plantes et les moments passés avec son amie Évelyne.
George est un homme simple et rustre, très fier de son emploi d’homme touche-à-tout au camping de Volonne. Il y croise Baptiste et Adèle qui y séjournent pour retenter la soudure de leur couple et découvrir les environs.
Un beau matin, un cadavre est trouvé dans la Durance et perturbera la tranquillité des habitants de ce petit village des Alpes-de-Haute-Provence. Le lieutenant de gendarmerie Calam et ses coéquipiers sont chargés de cette affaire, peu habituelle dans leur campagne et qui se révélera plus complexe que prévu.

Un roman qui mêle enquête et vie quotidienne, et nous emmène dans les décors familiers d’un village en bord de Durance.

L’arbre de colère, de Guillaume Aubin

« Je suis une montagne, je suis une Peau-Mêlée.« 

La naissance de Fille-Rousse est entourée de mystère. Elle grandit dans une tribu amérindienne, fille qui partage les jeux des garçons, et sera reconnue comme Peau-Mêlée, un être à part, homme et femme à la fois, reconnue comme telle par certains et mis à l’épreuve par d’autres.

« J’ai gagné de vivre encore avec les arbres et pas devant ma tente. Il dit aux autres que c’est moi qui ai triché. Il dit que j’ai menti. […] Est-ce qu’il me faut regagner chaque jour mes droits ? Est-ce qu’il faut se battre cent fois sans jamais trébucher ? Non. j’ai joué selon les règles, et j’ai gagné.« 

Un premier roman sur les traces d’une jeune fille en quête de liberté et d’identité, qui nous fait découvrir les tribus semi-nomades des Premières Nations canadiennes, entre l’amour des familles et la violence des rites et des combats, entre traditions ancestrales et évolution forcée par l’arrivée des Européens.

« Je me trouve sur une plage,d’où je peux regarder l’île en face. Le soir se rapproche. le soleil glisse lentement. Semble ne jamais vouloir s’échapper. Les nuages se gorgent de couleurs. Devant moi, sur l’île, il y a cette roche heureuse de recevoir le ciel. Cette falaise miroir. Je laisse mes yeux entrer dans une faille qui court. Ils y entrent si profond que je sens la puissance de la pierre. Comme si mes yeux étaient une main immense qui caresse. La faille n’est plus là-bas, elle est là, sur mes doigts. Elle est là, dans mon ventre.« 

Ce qui vient après, de Joanne Topkins

Jonah se suicide en avouant le meurtre de son ami Daniel. La vie des familles de ces adolescents éclate face à ses drames inexplicables. Arrive Evangeline, jeune fille sans-abri et enceinte, qui va mettre de la lumière dans la vie d’Isaac qui la recueille et de Lorrie.

Un roman poignant et lumineux où trois êtres blessés vont devoir affronter leurs souvenirs et les douleurs sourdes du passé pour se reconstruire.

Café sans filtre, de Jean-Philippe Blondel

Depuis la réouverture du Tom’s après le confinement, Chloé s’y réfugie chaque jour, discrète observatrice des gens qui passent avec leurs histoires, cette femme avec son fils, ces deux hommes qui se retrouvent, mais aussi Jocelyne, l’ancienne patronne du bar et Fabrice, qui a pris la suite, avec José et ses envies d’évasion…

Un roman frais et léger qui se savoure comme un café en terrasse et qu’on referme avec le sourire !

Chef, de Gauthier Battistella

Paul Renoir grand chef gastronomique fraîchement élus « meilleur Chef du monde », se suicide en plein tournage d’un film sur sa vie et son parcours. Alors qu’on s’interroge sur son acte, ses héritiers tentent de sauver son affaire et ses étoiles. Entre passé et présent, le parcours de l’homme sous la toque se dévoile, du sud ouest en passant par Paris jusqu’au lac d’Annecy.

Un roman intéressant sur la gastronomie française, de la guerre à nos jours, à travers le parcours d’un homme, élevé dans les cuisines de sa grand mère et devenu chef étoilé. Et nous fait entrer dans les coulisses des cuisines, univers rude et rigoureux, de passions , entre rivalités et solidarité

Usual victims, de Gilles Vincent


Quatre femmes se sont pendues dans les locaux d’une grande société. Suicides ? Le capitaine Delbard et son équipe, accompagnés d’une jeune stagiaire autiste, mènent l’enquête et pénètrent au cœur de cette multinationale et ses secrets obscurs…

Un thriller prenant, entre chronique sociale, plongée dans le Dark Web et manipulation.

American dirt, de Jeanine Cummins


La vie de Lydia bascule lorsque sa famille se fait massacrer sous ses yeux par le cartel. Seule rescapé avec son fils, elle s’enfuit et est contrainte de rejoindre le flot anonyme des migrants pour tenter d’échapper à ses poursuivants. Son parcours semé d’embûches et de rencontres, providentielles comme malencontreuses, lui fait traverser le Mexique vers la promesse d’El Norte

« Il est dangereux de faire confiance à quiconque sur la Bestia. Il y a des bandits, des violeurs, des trafiquants, des voleurs et des narcos cachés dans les rangs de la policia de chaque ville, mais il n’y a pas que les policiers dont il faut se méfier. N’importe quelle personne qu’ils rencontrent justifie les soupçons [] même leurs camarades migrants. Surtout ceux-là.« 

Un roman bouleversant et haletant qui fait découvrir les migrants du Mexique, les cartels et narcos.

Le musée des contradictions de Antoine Wauters

« (…) Nous sommes les hommes creux, nous avons besoin de preuves. Fracturés, schizophrènes sous nos manteaux de pluie, nous ne savons plus où donner de la tête. Trop de réalités, d’avis, de détails, et en même temps plus rien, comme si tout était vide.La génération qui veut se battre, qui devrait trouver du boulot, sauf qu’il n’y en a plus, qui veut décroître, quitter le monde de l’argent mais ne pas en manquer, la génération des constructeurs de cabanes pourtant incapables d’utiliser le marteau sans se ficher le clou dans le doigt.

D’où notre stupeur.

Peut-on tenir encore ? Non. Tiendra-t-on ? Oui. Car nous sommes les champions de la contradiction, nos vies entières sont des contradictions. (…) »

Un recueil de nouvelles qui enchainent des « discours » posés le cul entre deux chaises parce que les êtres humains sont « comme ça », complexes et plein de contradictions.

Est ce que c’est un problème ? Ben non, vivre avec ses contradictions n’empêche pas d’agir et de faire du mieux qu’on peut avec ce qu’on a.

On peut rassurer, avec cette lecture, ceux qui se sentent imparfaits et imposteurs, ceux qui dérogent à leurs propres principes, ceux qui culpabilisent, vous n’êtes pas « pas à la hauteur » mais juste humains.

N’hésitez pas à continuer de faire de votre mieux malgré tout pourrait être le message de ce livre poétique empreint de bienveillance à l’égard d’une humanité qui doute.