Tous les articles par La libraire

« Quand le passé frappe à la porte » de Lucile G.

Une toute nouvelle collection « Place aux jeunes… » aux éditions du Piaf qui donne un espace d’expression aux plumes des ados, écrivains et écrivaines en herbe.

Ce premier titre signé Lucile G. est une petite pépite.

Huis-clos aux rebondissements aussi étranges que surprenants, ce texte bref et dense entraîne lecteurs et lectrices dans l’esprit torturé de Georges. Auteur en manque d’inspiration, il reçoit une visite qui va bouleverser complètement son rapport au monde et à son passé. Nous ne vous en dirons pas plus si ce n’est que la fin nous a laissé bouche bée avec l’envie d’en lire davantage…

Vivement la suite, Lucile G. 🙂

Prysc, Elo et Noémie, à l’unanimité, on a beaucoup aimé !

Si toi aussi, tu écris, n’hésite pas à envoyer tes textes aux Éditions Le Piaf.

« Le chant de la rivière » de Wendy Delorme

Des bouts de laine dans les ronces, des baignades dans un bassin de pierre rapiécé et des poèmes qui racontent l’amour d’un feu dont les matières inflammables peuvent éclairer sans brûler. Deux histoires d’amour qui se mêlent et se répondent, avec un ventre qui palpite de ses secrets cachés dans une bâtisse abandonnée, des boîtes et des albums photos qui surgissent quand les canalisations gargouillent pour dire tout ce qui a été brimé.

C’est la femme qui arpente les forêts, les ruines et leurs histoires oubliées qui raconte l’amour aujourd’hui. C’est la rivière douloureusement magnifique et vengeresse qui dit un amour d’avant, victime de la main des hommes, jalouse et cupide, qui écrase la joie dans les poitrines et assèche les méandres parce qu’il faut asservir pour ne pas perdre la face.

Mais, ils perdent, les hommes qui croient gagner. Les femmes et leurs amours sont aussi insaisissables que l’eau de la rivière entre leurs méchants doigts. Il faut lutter pour échapper aux muscles et aux tuyaux.

Après le temps du feu, de l’évaporation, voici le chant de la rivière, roman infiniment sensoriel, dans lequel les éléments s’incarnent, beaux et puissants, dans un peau à mots envoûtant.

Un grand coup de cœur pour ce dernier roman de Wendy Delorme. Venez ! On vous en parle (et des précédents également).

Éditions Cambourakis – 16 euros.

Avec toi je ne crains rien, d’Alexandre Duyck

Louise et Joseph se sont aimés au premier regard. Il est cordonnier, elle est maîtresse d’école. Ils forment une famille heureuse dans cette petite vallée des Alpes Suisses où leur bonheur est parfois incompris et jalousé. Ce 15 juillet 1942, Louise, pour la première fois en treize années de mariage, accompagne Joseph jusqu’au chalet, dans la montagne. Elle n’a pas l’habitude mais lui connait le chemin par cœur, tout devait bien se passer et ils laissent leurs quatre enfants pour deux jours. Mais ils ne rentreront pas et leurs enfants devront grandir avec l’incertitude autour de leur disparition et l’éclatement de leur fratrie.

« La vraie disparition, c’est ne pas savoir ce qu’il s’est passé et moi, ça, je l’ai connu, nous l’avons connu et nous avons dû grandir avec ça. Et c’est terrible. »

Un beau récit qui s’empare d’un fait divers pour un faire un beau roman.

« Pour magique qu’elle soit, il faut s’en méfier de la montagne à tout moment, tous les jours et depuis toujours. La montagne est une ogresse, une avaleuse d’enfants, elle se moque des frontières et des lois, elle s’impose, prend ses aises, séduit, elle appelle, elle attire, arrache, tue, ensevelit, écrase. »

Du côté sauvage, de Tiffany McDaniel

Arc et sa jumelle Daffy grandissent dans un quotidien sordide, où elles côtoient misère, cruauté et violence dans un monde de drogue et de prostitution. Mais un quotidien enchanté par la présence bienveillante et fantasque d’une grand-mère qui met de la beauté et de la poésie dans la laideur du monde pour transmuter le réel en féérie.

« Ma grand-mère Middlweek avait l’habitude de dire que dans la vie, il y a un côté sauvage. Mais elle disait aussi qu’on peut le changer en beau côté. »

« Ne te laisse pas abattre par les périodes difficiles. Il faut bien qu’on connaisse quelques-unes des circonstances où la vie nous dit : c’est le moment de pleurer. Si elles n’existaient pas, qu’est-ce qui donnerait de la matière aux poètes ? Je veux que tu te regardes dans le miroir tous les jours et que tu te rappelles que tu as des ailes. »

Dans la lignée de Betty, voici un nouveau texte intense qui nous happe, un texte dur, âpre et violent qui ne nous épargne pas la noirceur du monde et des hommes, mais où brille de magnifiques pépites.

Harceleur de Arthur Ténor

Une terrible information annonçant au journal télévisé le suicide de la jeune Marilou, harcelée par des élèves de son collège, va complètement bouleverser le cours d’une soirée en famille. Le malaise du père est palpable et sa femme, Aurélie, va l’inciter à raconter ce qui provoque son trouble malgré les protestations de Lucas, leur fils de 13 ans, pour sa part impatient de s’affaler sur le canapé pour regarder un film. Quentin, aujourd’hui père de famille et adjudant-chef dans la gendarmerie, se retrouve plongé dans son passé et redevient le temps du récit cet élève du collège Brassens tour à tour harceleur, harcelé et protecteur.

Un excellent petit roman à lire dès 12 ans qui décortique avec clarté les mécanismes du harcèlement aussi bien lorsque les ados sont face à face que derrière leur smartphone à sévir dans le monde virtuel des réseaux. Sans être moralisateur, Arthur Ténor démontre les conséquences possibles de la violence lorsqu’une victime décide de se rendre elle-même justice et désigne, à travers le parcours de ses différents personnages, les portes auxquelles les jeunes confrontés à de telles situations peuvent aller frapper pour trouver de l’aide. Aucune place, celle du harceleur comme celle du harcelé, n’est définie pour toujours et le jeu des chaises musicales peut faire basculer les rapports de force toxiques, briser des vies et avoir de lourdes conséquences pour les ados et les adultes qu’ils deviendront.

C’est également un livre touchant et rempli d’une belle énergie, l’amitié qui se noue entre Quentin, ex-bourreau et Marvin, sa victime en classe de 5ème, autour d’une cause commune se veut porteuse d’un message positif de solidarité et de réconciliation.

Un mot de l’auteur et un entretien avec un principal de collège sont à découvrir à la fin de l’ouvrage. Même si la prévention et les moyens d’action en ce qui concerne le harcèlement scolaire sont encore largement perfectibles, la voie est ouverte…

Le Monde est à toi de Martine Delvaux

« On m’a souvent demandé ce que ça fait une mère féministe.

Comment je fais. Avec toi.

Mais je ne fais rien avec toi. Je ne cherche pas à faire de toi quelque chose en particulier. Je ne t’élève pas en tant que féministe. Il n’y a pas de discours, de mots d’ordre, de principes à respecter à tout prix. Il y a des mots que je te lance, et ceux que tu m’envoies en réponse aux miens. C’est dans cet aller-retour où on s’amuse à résister que quelque chose advient, et cette chose n’est rien d’autre que de l’amour.

Je t’aime et je vis avec toi, et ce qui m’importe le plus, c’est que tu existes. Que tu comprennes que tu en as le droit. Que tu saches, au plus profond de toi, que le monde est à toi. Qu’il doit être à toi comme il doit être aux autres. Que tu dois pouvoir y avancer librement. Ce qui veut dire y croire. Ce qui veut dire en faire partie, tout simplement, sans même penser que ça puisse ne pas être le cas. (…) »

Martine Delvaux est l’une des grandes voies du féminisme au Canada. Née en 1968, elle enseigne la littérature à l’université du Québec à Montréal et est autrice de nombreux romans et récits.

Dans cette longue lettre à destination de sa fille adolescente, Élie, Martine Delvaux débroussaille les chemins, semés d’embûches comme de petits privilèges, qui parcourent un monde complexe sans exiger que les pas d’Élie n’emboitent les siens. Les références multiples, de Ariana Grande à Bell Hooks, tissent la toile de fond de ce que cette mère a envie de transmettre à sa fille pour lui donner toute la force nécessaire à avancer dans  » (ce) monde qui ne mérite pas les enfants.« 

Liste de conseils, de recommandations et d’explications pleine de bienveillance et de compréhension envers cet âge de passage et de transition qu’est l’adolescence, ce livre est avant tout une grande déclaration d’amour d’une mère à sa fille.

Nous n’avons pas tous des filles, mais des mères oui ! Lisez ce texte à la voix universelle…

Éditions Les Avrils, 2022 – 17 euros.

S’arracher de Marc Daniau

« Et là tu sais. Elle chuchote, Papa s’est tué.

Et vous chutez, aspirés par le carrelage devenu immense jeu d’échecs. Pauvres Alices sans merveilles aspirées par l’outre-vie.« 

Dans une France « d’avant » où on servait du vin rouge aux élèves à la cantine, Lucas est celui dont le père, banquier, s’est suicidé. douleur et effondrement dans sa famille, silence et malaise des adultes, incompréhension de ses copains, Lucas enfourche sa mob et fuit pour oublier, pour voir la mer, pour être un autre et ailleurs.

La biche aux abois malmenée par les chiens de meute, trimballée dans un camion et relâchée, effrayée, pour devenir la proie d’une chasse à courre, fuit devant la puanteur des humains et de leurs chiens, le bruit, la violence.

C’est sur un pont que leurs chemins se rencontrent et que leur destin à tous deux se joue en un éclair.

Un texte court et pudique autour d’un ado, jusque là comme les autres, qui doit faire face au suicide de l’un de ses parents et retrouver l’envie de vivre et de continuer.

Une lecture forte pour les ados de 15 ans et plus.

Juste avant que de Joanne Richoux

« C’est quoi le sexe ? Si je me fie aux écrans, c’est réservé aux beaux. Est-ce qu’on est beaux, nous deux ? Est-ce qu’on va goûter à ce délire cosmique des gens beaux sur les écrans ? Ou est-ce une vieille tradition qu’on perpétue à cause des neurotransmetteurs ? Je suis amoureuse de lui, je le jure. Ses cheveux, sa dépression, ses cernes, ses chaussettes. Et si je ne l’aimais pas ? Et si c’était l’adrénaline ? L’ocytocine ? Les phéromones ? Pourquoi le sexe serait une affaire sérieuse ? Dédramatise. Pourquoi on ne pourrait pas niquer comme on cuisine du potimarron ? En pyjama, en rigolant, complices. Si ça se trouve on peut ? Dédramatise. »

Dehors, l’insurrection gronde. Il y a eu le réchauffement climatique, la crise énergétique, l’emprise des réseaux, des tirs sur une foule jeune et désarmée… Tandis que le monde dégringole, derrière les murs de l’appartement dans lequel ils se retrouvent presque tous les jours, deux jeunes gens s’aiment et se désirent. Rien n’est encore arrivé…

Avec leurs doutes, leurs peurs, leurs écorchures, leurs casseroles, ils se cherchent, se regardent, se racontent et se laissent emporter par leur désir, juste avant que…

Un texte éblouissant qu’on dévore avec la même urgence de lire que celle des deux personnages à se toucher. Il est question d’amour, de sexe, de politique et d’un désir qui ne tarit pas face au chaos.

Un grand coup de cœur pour ce texte de la collection « L’Ardeur » aux éditions Thierry Magnier pour toutes et tous à partir de 15 ans. Osez l’Ardeur !

Bobigny 1972 de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel

« L’indécence, Monsieur le Président, ce sont ces femmes sur le banc des prévenues. Pas de raconter la réalité et la vérité sur ce que nous vivons. »

Les mots de Pryscilla sous la plume de Claire :

Cette bande dessinée raconte l’histoire du procès qui a permis à Simone Veil d’arriver jusqu’au Parlement pour présenter la loi de légalisation de l’avortement.

C’est un gros coup de cœur car c’est un sujet qui est au cœur de l’actualité. Il ne faut jamais relâcher notre vigilance car aujourd’hui rien n’est garanti. Comme le dit si bien Caroline Deyns dans MURmur «Toute loi est réversible». Nous avons aussi un devoir de transmission aux jeunes générations et cette bande dessinée y contribue.

Je l’offrirai à toutes les femmes que je connais, et en particulier à toutes les jeunes femmes. Je pourrai aussi l’offrir à des hommes un peu bornés sur la question. Sérieusement, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.

Pour suivre les « Waouh de Claire », c’est par ici :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire

Gaston Grognon : L’amour c’est nul ! de Suzanne et Max Lang

«Être aimé, c’est un sentiment très agréable

et il a bien envie de le partager.»

Les mots d’Élodie sous la plume de Claire :

« Gaston, petit chimpanzé, trouve que la Saint-Valentin, les preuves d’amour, les bécots…. c’est nul et dégoûtant ! Bernard, son ami le gorille, lui explique qu’il y a plein de sortes d’amour et que la Saint-Valentin c’est en fait une fête pour tous les gens qu’on aime : ses parents, ses amis….

Gaston Grognon, on l’adore à la librairie depuis le premier album. « L’amour c’est nul » vient de sortir et il est parfait pour la Saint-Valentin ! Il porte un joli message d’amour avec beaucoup d’humour. J’adore ses propos décalés.

Je l’offrirai à tous les enfants entre 4 et 6 ans qui sont souvent déstabilisés par les bisous. »

Retrouvez tous les articles de Claire en suivant ce lien :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire