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Mississippi, Sophie G. Lucas

“1871,

J’ai vu la foule tomber. Et ça fait beaucoup de bruit des corps qui tombent, je sais pas, les tissus, les corps sur d’autres corps, c’est tout autour le bruit, les tirs, les coups, les cris (moi j’étais silencieux, j’arrivais plus à bouger ni à sortir un mot de ma bouche, c’était fermé, bloqué, c’était comme si mon corps il était plus là, comme si j’étais à l’extérieur de mon corps, c’est ça oui, en dehors), mais c’est pas mon corps que je voyais, c’étaient tous les autres, des corps d’hommes, des corps de femmes, explosions, cris, fracas, boum, cris, chocs.”

Presque deux siècles d’une fresque familiale qui sinue dans l’absolue violence de la société et ses inégalités. Un élan romanesque éblouissant, une écriture puissante qui dévale les pages et roule, sans entrave, comme les eaux d’un fleuve…

Ce sera sur les tables de la librairie le 18 août et nous avons grande hâte de vous en parler !

Mississipi, La Contre Allée éditions, 18 euros.

Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie, Elise Goldberg

“Le shmalts, c’est la graisse d’oie servant à cuisiner, c’est aussi l’excès de sentimentalité.”

Quand les souvenirs affluent par la porte d’un frigo entrouverte ou miam, mes aïeux !

À la mort de son grand-père, la narratrice hérite de cet incontournable équipement de cuisine qu’est son frigidaire. C’est au milieu des victuailles et des plats traditionnels de la cuisine ashkénaze que le roman de sa famille se déroule tels les pages d’un menu.

Si les souvenirs ont un goût, si les souvenirs ont une langue, ils ne sont pas dans la tradition yiddish et sa cuisine spontanément appréciables. Aliments peu sensuels, textures inquiétantes, saveurs fades et vocables boiteux, il faut apprendre à connaître leur histoire depuis les frontières de la Pologne juive pour en apprécier le charme complexe ; il ne saute ni aux papilles, ni aux oreilles. C’est sur cette route que nous entraîne ce livre, sur ce que la culture culinaire et les petites habitudes quotidiennes disent des gens, bien mieux bien plus intimement que de long discours. De toutes ces anecdotes et détails qui, aux yeux d’une petite fille et d’une jeune femme, peuvent agacer, manquent de clinquant, l’autrice fait ressurgir le passé de ce peuple juif polonais obligé de vivre caché, de passer inaperçu, de ne pas attirer l’attention ni susciter l’envie à l’image de ces recettes traditionnelles pas très appétissantes de prime abord. Mais, il existe un au-delà des apparences que l’on rencontre au fil des pages et qui nous entraîne à sa suite vers des histoires de vie prises dans les tourments de l’histoire…

Un premier roman touchant, plein d’humour et de dérision aimante qui à partir de souvenirs très personnels dessinent finement le portrait de toute l’histoire et la culture yiddish.

“Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie”, éditions Verdier, 18 euros.

En librairie le 24 août 2023.

L’enfant Don, de Jean Darot

Dans une vallée isolée des Pyréenées, Seuvia grandit, enfant, adolescente passionnée, jeune femme, mère, mais aussi ainée de la famille et héritière de sa “maison-souche”. Elle succède à son père et prend sa place dans cette communauté montagnarde isolée avec ses règles égalitaires. Elle apporte son amour et sa bienveillance jusqu’à faire le plus beau des dons à une famille amie.

Nous les femmes nous grandissons par étapes. Nous nous déplions, nous nous déroulons comme le font les fougères… Nous nous élevons, saison de vie après saison de vie, depuis l’enfance jusqu’à devenir plusieurs femmes successives.”

Après l’homme semence écrit sous le pseudonyme de Violette Ailhaud, Jean Darot nous offre une nouvelle histoire de femme, pleine de force, d’amour et de bienveillance.