« La liberté se résume à un mot : choisir. Nous pouvons choisir d’en vouloir à la terre entière, de nous terrer dans le désespoir pour verser des larmes acides chaque jour sur la vie qui nous a été dérobée. mais nous pouvons aussi choisir de refermer le livre des tristesses une bonne fois pour toutes. D’écrire de nouvelles pages, recommencer. Ne jamais oublier, non, mais ne pas subir le passé comme victime. Ce choix, c’est le plus grand et l’unique pouvoir dont nous disposons. »
A la mort de sa mère, Sarah, qui a grandi en Islande, hérite d’une maison dans les montagnes albanaises. Du passé de sa mère, elle ignore tout : « tout le monde fuyait l’Albanie, alors dès que j’ai pu, je suis partie moi aussi, c’est tout. » Elle découvre un coin d’Albanie isolé et reculé, le Village sans nom où ne vit plus qu’une poignée de montagnards taiseux. Elle va devoir apprivoiser les lieux et ses habitants.es pour tenter de remonter les traces de son histoire familiale, déterrant drames et secrets bien enfouis dans les replis de la terre et des mémoires.
Dans ces montagnes rudes et reculées, la vie reste suspendue à des traditions ancestrales. Le kanun, impose ses règles et dicte les conduites, les légendes anciennes dont celles de la kulshedra, démone ou déesse maîtresse de la montagne et des eaux. Et la loi du sang qui se transmet de générations en générations, « histoires d’hommes trop idiots pour éviter de s’entretuer » où « les femmes ont aussi leur rôle à jouer : elles ont le pouvoir d’accorder le pardon et d’interrompre le cycle du sang. »
On plonge dans le passé tourmenté de l’Albanie, la vie d’avant la collectivisation « rude, mais belle, rythmée par les saisons et empreinte de superstitions ». Jusqu’à ce que le village sans nom soit rattrapé par « le grand plan de développement industriel des montagnes » d’un régime communiste à bout de souffle, dont on découvre la propagande, l’oppression et les revers. Hommes, femmes et enfant résistent ou se soumettent, cernés par « les aigles noirs de la dictature, rapaces qui engloutissent les étoiles et broient les cœurs indociles. »
Un roman fort qui nous plonge dans l’Albanie des années 1970 à aujourd’hui, un pays encore marqué par son histoire et ses traditions.
Parution le 20 août 2025.
