« La maison exige une forme d’attachement mêlée d’inquiétude. Du mystère. Du respect et de la vénération. Elle accueille ou elle rejette, gratifie ou dépouille, inspire aussi bien des contes que des cauchemars, tue, fait vieillir, donne des ailes… C’est une divinité puissante et capricieuse, et s’il y a bien quelque chose qu’elle n’aime pas, c’est qu’on cherche à la simplifier avec des mots. »

Ce roman est comme la Maison : soit il vous aspire, vous ne pourrez plus le quitter et il vous hantera longtemps, soit vous n’arriverez pas à passer les premières pages…
Un bijou qu’il convient de vous laisser découvrir sans vous en dire plus que le livre ne le fait lui-même :
« Le goût des habitants de la Maison pour les histoires à dormir debout n’était pas né comme ça, ils avaient transformé leurs douleurs en superstitions et ces superstitions s’étaient à leur tour muées, petit à petit, en traditions. Et les traditions, surtout quand on est petit, on les adopte immédiatement. […] Ils connaissent l’extérieur mais choisissent de l’ignorer et de s’enfermer dans leur vision du monde où règne une Loi tacite dont l’origine se perd, mais que tous respectent sans rien remettre en question. Comme si tous les habitants de la Maison étaient en proie à une même folie douce. La Maison, entité douée d’une consistance et réalité propre, semble plonger ses habitants dans un autre monde fantastique où la limite entre le réel, rêves et hallucinations est intangible. Les enfants qui y entrent ont tous leurs maux et défaillances qui se fondent dans un imaginaire détaché de la réalité et les fondent dans un Bestiaire fantasque qui attribue à chacun à son entrée un surnom qui conditionne celui qu’il sera désormais et efface son identité d’avant.«
Prenez le risque d’entrer dans la Maison, au risque de vous y perdre.