Archives de catégorie : Elodie a lu

Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon

Coup de cœur d’Élodie

André est le fils de Gabrielle, mère lointaine et intermittente, avec ses silences et ses grands airs, et de Paul, père fantôme dont il apprendra tardivement l’existence. Mais il y a sa tante Hélène, qui l’a élevé comme un fils avec son mari Léon, et les cousines comme des sœurs, puis Juliette et Antoine.

Le récit déroule, en douceur et par petites touches, les moments forts de cette famille ancrée entre Lot et Cantal, ses bonheurs comme ses silences pesants.

Suzuran, d’Aki Shimazaki

Coup de cœur d’Élodie

Depuis son divorce, Anzu se consacre à son art de la céramique. Elle mène une vie apaisée entre son fils, son ex-mari, ses parents vieillissants, jusqu’à ce que sa sœur aînée revienne leur présenter son futur beau-frère.

Un roman plein de poésie, de douceur et de délicatesse à l’image de la fleur qui lui donne son nom : Suzuran, le muguet, évoque ces boules à neige abritant de minuscules paysages : il suffit de les secouer pour que se lève la tempête…

Entre deux mondes, d’Olivier Norek

Bastien vient d’être muté à Calais et découvre une ville marquée par la présence de la Jungle voisine, univers sans loi où les autorités n’ont pas prise. Il va croiser la route d’Adam, migrant et ancien flic qui se raccroche à son métier pour ne pas sombrer dans la folie, suite à la disparition des siens.

Un roman noir qui nous immerge dans la complexité de la Jungle de Calais, entre violence et humanité, qui suscite des sentiments forts et contradictoires de révolte, de colère, d’impuissance ou de résignation.

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, de Julien Dufresne-Lamy

Dans la salle d’hôpital, Charlie et sa mère attendent. Un père, un mari. Dans quatre heures, ils découvriront Alice. Alors que les minutes s’égrainent, Charlie se remémore les deux dernières années, depuis le séisme qui a secoué sa famille avec l’annonce du père jusqu’à cette opération, en passant par tous les tremblements qui ont accompagnés le parcours de transition de son père.

Un roman sensible et juste, sur la transidentité vu par les proches, entre interrogations et acceptation, plein d’amour d’un fils pour son père.

Maille à maille, de Simone Righetti

La mémoire de Sarah est comme les tricots qui naissent sous ses doigts : elle essaie de rassembler les mailles et de combler les trous. Elle ignore qui elle était avant d’être arrachée à ses parents aux portes d’Auschwitz, recueillie par un officier SS pour servir de poupée vivante à sa fille handicapée…

Un court récit qui nous emporte dans les pensées contradictoires d’une femme qui s’est construite entre maltraitance et affection pour ses bourreaux qui constituent, malgré tout, sa seule famille.

Impossible, Erri de Luca

En pleine randonnée, un homme en voit un autre chuter au fond d’une ravine. Il prévient les secours et se voit arrêté puis interrogé : les deux hommes se connaissaient et le magistrat est bien déterminé à ne pas croire au hasard. L’homme de loi remonte dans un passé révolutionnaire qu’il n’a pas connu et l’interrogatoire se mue en un dialogue entre deux hommes opposés et deux générations.

Ce nouveau roman nous plonge dans l’immensité de la montagne où les lois ordinaires n’ont pas cours, et dans la complexité d’une histoire pas totalement révolue, avec ses secrets et ses trahisons.

L’autre moitié de soi, de Brit Bennett

Les jumelles Désirée et Stella grandissent inséparables dans une petite bourgade de Mallard, où les noirs tentent de devenir plus blancs à chaque génération. A l’adolescence, elles fuguent. Quelques années plus tard, Désirée revient sans sa sœur et avec une petite fille à la peau d’ébène.

Des années 60 aux années 80, le récit donne la parole aux femmes de cette famille en déroulant leur histoire et les multiples vies de chacune et en abordant les thèmes universels du racisme, de la violence familiale, de la vie domestique ou encore du conservatisme.

Le sanctuaire, de Laurine Roux

Coup de cœur de Pryscilla

Un virus transmis par les oiseaux a mis l’humanité à genoux, une famille trouve refuge dans une cabane isolée dans la montagne et tente d’y survivre dans une nature à la fois rude et généreuse…

Gemma a vu le jour dans le sanctuaire, sans rien connaître du monde tel que nous le parcourons… June, sa sœur et Alexandra, leur mère, regrettent ce passé perdu, dont le moindre détail est magnifié à travers les histoires que racontent cette dernière. Le père, dur et intransigeant, convaincu d’agir pour la survie de « son clan », exige de ses filles obéissance et soumission et leur impose un entraînement véritablement militaire. Mais, cette vie (ou ce qui s’y apparente) de privations et d’interdits, exigée au nom de la sécurité de tous, se fissure peu à peu lorsque Gemma rencontre un vieil homme accompagné d’un aigle majestueux…

Un texte d’une grande force pour une lecture « coup de poing »… le premier roman de Laurine Roux, Une immense sensation de calme, annonçait déjà un réel talent et un univers littéraire singulier. Cette seconde publication confirme pleinement les qualités de cette auteure accomplie…

On pense à Mccarthy, dont une citation ouvre le roman, à Thoreau… et au percutant My absolute darling de Gabriel Tallent… Un vrai grand coup de cœur !

Betty, de Tiffany McDaniel

Dans l’Amérique des années 60, la petite Betty grandit dans une grande famille, entre un père indien et une mère blanche, marquée par une enfance difficile. Ils vivent en marge, pauvres mais riches de ce que la terre leur offre et des histoires du père, qui embellissent la réalité et rendent le monde meilleur en l’emplissant de beauté et de merveilleux.

Un roman puisant qui oscille entre dureté et poésie, porté par la voix d’une enfant hantée par la violence du monde et portée par la force ancestrale des femmes cherokee. Une héroïne qui puise sa force dans les mots et l’écriture face à la perte de son innocence, qui l’arrache brutalement à l’enfance.

« Non seulement papa avait besoin que l’on croit à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d’y croire aussi… Nous nous raccrochions comme des forcenées à l’espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées.« 

La fille du chasse-neige, de Fabrice Capizzano

Tom vit en décalage, avec son hypersensibilité qui lui permet de lire la nature des gens et nourrit avec brillance sa musique ; une fragilité transcodée en chants, en interprétation unique, de couleur à sons, de lumière à bruit. Il est entouré d’un patchwork de personnages entiers et attachants avec, au centre, Marie, la fille du chasse neige, l’apicultrice, et leur amour fort, lumineux, dévastateur.

Un premier roman frais et lumineux, enrobé de nature et d’amour, de couleurs et de musique, plein de vie, de ses beautés comme de sa violence.