Archives de catégorie : ♥ Coups de coeurs de Pryscilla ♥

Bobigny 1972 de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel

“L’indécence, Monsieur le Président, ce sont ces femmes sur le banc des prévenues. Pas de raconter la réalité et la vérité sur ce que nous vivons.”

Les mots de Pryscilla sous la plume de Claire :

Cette bande dessinée raconte l’histoire du procès qui a permis à Simone Veil d’arriver jusqu’au Parlement pour présenter la loi de légalisation de l’avortement.

C’est un gros coup de cœur car c’est un sujet qui est au cœur de l’actualité. Il ne faut jamais relâcher notre vigilance car aujourd’hui rien n’est garanti. Comme le dit si bien Caroline Deyns dans MURmur «Toute loi est réversible». Nous avons aussi un devoir de transmission aux jeunes générations et cette bande dessinée y contribue.

Je l’offrirai à toutes les femmes que je connais, et en particulier à toutes les jeunes femmes. Je pourrai aussi l’offrir à des hommes un peu bornés sur la question. Sérieusement, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.

Pour suivre les “Waouh de Claire”, c’est par ici :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire

Miettes (humour décalé) de Stéphane Servant

“Depuis toujours on répète aux garçons : “Le monde est à toi, il t’appartient.” et ça justifie tout. Les guerres, les viols, les mains au cul et les humiliations.

Non mais, sérieusement, qui a décidé, un jour, que les dix centimètres entre nos jambes nous donnaient droit au pouvoir ? Au respect ? A l’amour ? Que les plus forts d’entre nous pourraient écraser les autres ?

Là, je me suis dit : c’est pas possible, en fait, c’est une blague !

C’est ça, ça peut être que ça : une mauvaise blague !

Une blague de mec, bien lourde, bien grasse et tristement ridicule.”

Fête de fin d’année au lycée, les numéros se succèdent sur scène et il attend, un peu mal à l’aise, dans les coulisses. C’est son tour et le message qu’il a à délivrer ce jour-là devant les autres élèves et les enseignants.es n’est pas tout à fait celui qu’il avait travaillé avec son professeur de français, Monsieur Almendra… Le voyage scolaire a laissé un goût amer dans sa gorge et il est bien décidé à briser le silence imposé par quelques siècles de toute puissance patriarcale et d’éducation genrée.

Le monologue percutant, drôle, grinçant, d’une lucidité frappante d’un jeune garçon qui s’en tape d’en avoir ou pas et qui en a ras le bol de garder sa souffrance, son indignation et sa colère pour lui.

La collection “Court toujours”, c’est un roman en trois versions : Un format “papier”, de l’audio et du numérique. Nos grands.es ados (à partir de 14 ans) auront le choix pour découvrir ce texte tout à fait génial.

Le Ciel ouvert de Nicolas Mathieu & dessins d’Aline Zalko

Ça pourrait être “L’Amour”de Bégaudeau en version quadragénaire écorché par la vie qui n’a plus le temps de s’asseoir sur la joie.
C’est dit, de page en page, à coups de lattes dans les certitudes et le quotidien.
De caresses données à un être aimé, entre deux claques de réel, à Anatole Latuile, un Buffalo Grill, le premier baiser et l’hôpital témoin du corps du père qui s’effiloche, tout accélère.
L’amour, les amours, les gosses, les parents et le temps qui passe, le sien et celui des autres. Rien de nouveau et pourtant, on chiale, on rit, on se fait du mal, un peu, et beaucoup de bien.
On va en crever de la vie avec sa trajectoire bien fixée qui fait taire les rêves et pourtant on ne renonce vraiment jamais aux grandes paillettes et aux petites embardées.

Un coup de cœur !

Actes Sud – 18.50 euros.

La Bouche pleine de terre de Branimir Sćepanović

Traduit du serbe par Jean Descat

Condamné par un diagnostic médical, un homme décide de rejoindre son Monténégro natal pour y choisir sa mort. Descendu du train au milieu de nulle part, en proie à son propre tumulte et à celui des hommes, il marche.

Une rencontre fortuite avec deux individus qu’il choisit d’éviter marque le début d’un implacable engrenage…

Intrigués par cette réaction, les deux hommes se lancent à sa poursuite bientôt rejoints par d’autres jusqu’à former une horde mue par une haine incontrôlable…

Une traque éperdue, une poursuite en incessant volte face dans laquelle instinct grégaire et fulgurances lucides se disputent place et terrain dans une logique qui échappe à toute logique… Indécis, versatile, complexe, influençable et difficile à suivre, c’est une définition/démonstration sans concession de l’humain.

Le roitelet de Jean-François Beauchemin

Je ne suis plus si jeune maintenant, et pourtant le petit enfant stupéfié que j’étais continue de vivre dans mon corps. Un de ses soucis est d’embellir autant que possible mes jours. Il y parvient surtout en rétablissant en moi presque sans répit une légèreté grave, que j’entretiens d’ailleurs assez mal. Je me suis demandé à la fin, en observant les dernières braises rougeoyer dans le cercle de pierres noircies, si mon frère devenu homme fréquentait encore le petit écolier qu’il a été, ou s’il avait irréparablement pris ses distances avec lui comme il l’a fait avec le reste du Monde.


La campagne, Livia sa femme, le chien Pablo et Lennon le chat en compagnons dans ce petit texte sensible pour dévoiler avec tendresse et pudeur la relation unique du narrateur et de son frère schizophrène.

Si vous avez besoin d’un brin de douceur et de beauté qui résistent dans les remous du quotidien, ce livre est pour vous.

Jean-Blaise tombe amoureux de Émilie Boré & Vincent

“Mais de qui peut bien tomber amoureux un chat qui se prend pour un oiseau ?”

Un nouvel opus des aventures de Jean-Blaise, le chat qui voulait être un oiseau 🥰

Entouré du docteur Gruffi et d’une de ses patientes chauve comme un caillou qui se rêve cantatrice, Jean-Blaise perfectionne ses talents de chanteur lorsqu’un matin, son regard croise celui de Tsubasa, le poisson rouge. Entre eux, c’est le coup de foudre…

“Normalement”, les chats mangent les poissons et détestent l’eau et cette idylle semble complètement impossible mais décidément, Jean-Blaise n’est pas un chat tout à fait comme les autres !

Éditions La Joie de Lire – 15.90 euros

Ruralités de Hortense Raynal

“Il n’y a rien de pire que

les maisons vides.

Les objets délaissés, peut-être. (…)

Tous sont les témoins de ton.

passage. (…)

Souillarde. Peut-être aussi cette pièce si petite qu’elle est

remplie de toi.

Ces murs en pierre qui seuls savent, privilège immense,

tes.

heures de solitude en leur sein.

Cet endroit qui n’appartient qu’à toi et où tu.

as avoué tellement, où tu as crié tes.

colères, donnés tes.

conseils, où tu.

as transmis, l’air de rien, sans t’arrêter.

Ce legs, ton legs, mon legs.”

Un recueil poétique au souci du détail presque documentaire avec toutes ses terres dans la gorge pour raconter les lieux de l’enfance, la réalité douce et crue du monde agricole, l’aliénation des corps.

Pas de folklore, ni de récit d’un idyllique paradis perdu dans les multiples ruralités qui poussent et s’incarnent dans les mots de l’autrice, en quête, mais de la beauté qui jaillit là où l’on ne l’attend pas…

Les Carnets du Dessert de Lune – 15 euros.

Le Meunier Hurlant de Nicolas Dumontheuil (d’après le roman de Arto Paasilinna)

Un petit village du nord de la Finlande, peu après la guerre, voit arriver un inconnu qui rachète et remet en marche le vieux moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier Gunnar Huttunen a malheureusement un défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont dès lors qu’une idée, l’envoyer à l’asile. Mais Huttunen, soutenu par la conseillère rurale Sanelma Käyrämö, est bien décidé à se battre pour défendre sa liberté.

Joie de retrouver les inoubliables personnages du roman de Arto Paasilinna dans cette adaptation BD tout en sépia aussi génialement décalée que l’œuvre dont elle s’inspire…

Futuropolis éditions. 24 euros.

Border la bête de Lune Vuillemin

Elle brassait de la bière en dansant et Frank a perdu le rythme. Elle a voulu retirer les tiques de sa fourrure et l’orignale n’a pas survécu.
C’est un roman d’amour et de mort et de mort et d’amour. Au bord des lacs, sur les berges de Babine, dans la cabane d’Arden, au cœur de l’herbier sonore qu’elle compose avec Jeff, elle cherche le sens et sa place dans toute cette nature et, d’araignée en sapin baumier (chemins de coccinelles) ce qu’elle peut faire des sentiments qu’elle éprouve pour celle qui danse avec les coyotes, de cette lumière ambrée qui la talonne et de la bienveillance borgne qui éclaire ses pas.
L’amour, la mort, la jalousie, la colère…
Et la beauté.

La Contre Allée éditions, à paraître le 12 janvier 2024, 19 euros

L’amour de François Bégaudeau

Lorsque Bégaudeau s’empare de la vie d’un couple ordinaire de la classe populaire française aux débuts des années 1970 et l’émancipe de l’atmosphère glauque et « plombante » à laquelle elle est souvent assignée… Presque un demi-siècle d’amour sur fond d’évolution de la société dans un livre court qui en peu de pages et de mots bien choisis donne la place à un quotidien fait de petites choses, sans grands éclats de vie mais débordant de tendresse…