“(…) et c’est sa façon de crier son amour pour tout ce qui ne se donne pas à décoder, tout ce qui décide de faire sa propre poésie sans surveillance, et peu importe si c’est un chemin plein d’angoisse, et peu importe si c’est la mort au bout.“
L’étrange et enivrante beauté d’un moment suspendu en dehors des règles et du temps.
Une baignade en pleine mer, l’équipage profite d’un instant de liberté sous les yeux de la commandante restée à bord. Un écart de conduite pour elle, un fragment d’insoumission dans une communion totale, inquiétante et sublime avec l’élément “mer” pour les autres, et c’est la donne du réel qui est bouleversée et ouvre une faille pour tous les occupants du cargo.
On se laisse bercer au fil de cette traversée poétique et énigmatique. La matière et l’esprit se fondent l’un dans l’autre et laissent émerger un mystérieux vingt et unième homme. Alors qu’un cocon de brume fige la progression du navire et enveloppe ceux qui sont à bord dans ses questionnements intimes, la figure du fantôme émerge doucement… À chacun d’en reconnaître “le visage” et de, peut-être, puiser dans cette rencontre sur le fil de la réalité une forme de paix…
Ce roman, c’est un peu la liberté de l’incertitude, le droit au doute et à une forme d’oubli même momentanée… Une idée de “ralenti” comme pour nous laisser le temps à nous, lecteurs, de nous laisser embarquer par ce texte envoutant…
Un coup de cœur.