Archives de catégorie : ♥ Vos libraires ont lu ♥

S’arracher de Marc Daniau

Et là tu sais. Elle chuchote, Papa s’est tué.

Et vous chutez, aspirés par le carrelage devenu immense jeu d’échecs. Pauvres Alices sans merveilles aspirées par l’outre-vie.

Dans une France “d’avant” où on servait du vin rouge aux élèves à la cantine, Lucas est celui dont le père, banquier, s’est suicidé. douleur et effondrement dans sa famille, silence et malaise des adultes, incompréhension de ses copains, Lucas enfourche sa mob et fuit pour oublier, pour voir la mer, pour être un autre et ailleurs.

La biche aux abois malmenée par les chiens de meute, trimballée dans un camion et relâchée, effrayée, pour devenir la proie d’une chasse à courre, fuit devant la puanteur des humains et de leurs chiens, le bruit, la violence.

C’est sur un pont que leurs chemins se rencontrent et que leur destin à tous deux se joue en un éclair.

Un texte court et pudique autour d’un ado, jusque là comme les autres, qui doit faire face au suicide de l’un de ses parents et retrouver l’envie de vivre et de continuer.

Une lecture forte pour les ados de 15 ans et plus.

Juste avant que de Joanne Richoux

“C’est quoi le sexe ? Si je me fie aux écrans, c’est réservé aux beaux. Est-ce qu’on est beaux, nous deux ? Est-ce qu’on va goûter à ce délire cosmique des gens beaux sur les écrans ? Ou est-ce une vieille tradition qu’on perpétue à cause des neurotransmetteurs ? Je suis amoureuse de lui, je le jure. Ses cheveux, sa dépression, ses cernes, ses chaussettes. Et si je ne l’aimais pas ? Et si c’était l’adrénaline ? L’ocytocine ? Les phéromones ? Pourquoi le sexe serait une affaire sérieuse ? Dédramatise. Pourquoi on ne pourrait pas niquer comme on cuisine du potimarron ? En pyjama, en rigolant, complices. Si ça se trouve on peut ? Dédramatise.”

Dehors, l’insurrection gronde. Il y a eu le réchauffement climatique, la crise énergétique, l’emprise des réseaux, des tirs sur une foule jeune et désarmée… Tandis que le monde dégringole, derrière les murs de l’appartement dans lequel ils se retrouvent presque tous les jours, deux jeunes gens s’aiment et se désirent. Rien n’est encore arrivé…

Avec leurs doutes, leurs peurs, leurs écorchures, leurs casseroles, ils se cherchent, se regardent, se racontent et se laissent emporter par leur désir, juste avant que…

Un texte éblouissant qu’on dévore avec la même urgence de lire que celle des deux personnages à se toucher. Il est question d’amour, de sexe, de politique et d’un désir qui ne tarit pas face au chaos.

Un grand coup de cœur pour ce texte de la collection “L’Ardeur” aux éditions Thierry Magnier pour toutes et tous à partir de 15 ans. Osez l’Ardeur !

Bobigny 1972 de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel

“L’indécence, Monsieur le Président, ce sont ces femmes sur le banc des prévenues. Pas de raconter la réalité et la vérité sur ce que nous vivons.”

Les mots de Pryscilla sous la plume de Claire :

Cette bande dessinée raconte l’histoire du procès qui a permis à Simone Veil d’arriver jusqu’au Parlement pour présenter la loi de légalisation de l’avortement.

C’est un gros coup de cœur car c’est un sujet qui est au cœur de l’actualité. Il ne faut jamais relâcher notre vigilance car aujourd’hui rien n’est garanti. Comme le dit si bien Caroline Deyns dans MURmur «Toute loi est réversible». Nous avons aussi un devoir de transmission aux jeunes générations et cette bande dessinée y contribue.

Je l’offrirai à toutes les femmes que je connais, et en particulier à toutes les jeunes femmes. Je pourrai aussi l’offrir à des hommes un peu bornés sur la question. Sérieusement, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.

Pour suivre les “Waouh de Claire”, c’est par ici :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire

Gaston Grognon : L’amour c’est nul ! de Suzanne et Max Lang

«Être aimé, c’est un sentiment très agréable

et il a bien envie de le partager.»

Les mots d’Élodie sous la plume de Claire :

“Gaston, petit chimpanzé, trouve que la Saint-Valentin, les preuves d’amour, les bécots…. c’est nul et dégoûtant ! Bernard, son ami le gorille, lui explique qu’il y a plein de sortes d’amour et que la Saint-Valentin c’est en fait une fête pour tous les gens qu’on aime : ses parents, ses amis….

Gaston Grognon, on l’adore à la librairie depuis le premier album. « L’amour c’est nul » vient de sortir et il est parfait pour la Saint-Valentin ! Il porte un joli message d’amour avec beaucoup d’humour. J’adore ses propos décalés.

Je l’offrirai à tous les enfants entre 4 et 6 ans qui sont souvent déstabilisés par les bisous.”

Retrouvez tous les articles de Claire en suivant ce lien :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire

Miettes (humour décalé) de Stéphane Servant

“Depuis toujours on répète aux garçons : “Le monde est à toi, il t’appartient.” et ça justifie tout. Les guerres, les viols, les mains au cul et les humiliations.

Non mais, sérieusement, qui a décidé, un jour, que les dix centimètres entre nos jambes nous donnaient droit au pouvoir ? Au respect ? A l’amour ? Que les plus forts d’entre nous pourraient écraser les autres ?

Là, je me suis dit : c’est pas possible, en fait, c’est une blague !

C’est ça, ça peut être que ça : une mauvaise blague !

Une blague de mec, bien lourde, bien grasse et tristement ridicule.”

Fête de fin d’année au lycée, les numéros se succèdent sur scène et il attend, un peu mal à l’aise, dans les coulisses. C’est son tour et le message qu’il a à délivrer ce jour-là devant les autres élèves et les enseignants.es n’est pas tout à fait celui qu’il avait travaillé avec son professeur de français, Monsieur Almendra… Le voyage scolaire a laissé un goût amer dans sa gorge et il est bien décidé à briser le silence imposé par quelques siècles de toute puissance patriarcale et d’éducation genrée.

Le monologue percutant, drôle, grinçant, d’une lucidité frappante d’un jeune garçon qui s’en tape d’en avoir ou pas et qui en a ras le bol de garder sa souffrance, son indignation et sa colère pour lui.

La collection “Court toujours”, c’est un roman en trois versions : Un format “papier”, de l’audio et du numérique. Nos grands.es ados (à partir de 14 ans) auront le choix pour découvrir ce texte tout à fait génial.

Le Jardin, Paris, de Gaëlle Geniller

Le Jardin est un cabaret parisien au succès grandissant où les danseuses portent un nom de fleur. Rose grandit au milieu de toutes ces femmes et c’est imprégné de leur grâce et de leur beauté qu’il monte sur scène à son tour.

Dans le Paris des années 20 sublimé par l’esthétisme de l’Art Nouveau, le talent de ce jeune homme éclot et s’épanouit telle une fleur délicate et puissante.

Un roman graphique magnifique tant par son illustration que par son histoire, doux et bienveillant, porteur d’un message de liberté, d’acceptation de soi, de solidarité, de respect… une lecture qui fait du bien aux yeux et au cœur.

Palmarès Festival d’Angoulême 2024

Grand prix de la ville d’Angoulême : Posy Simmonds

Fauve d’or : “Monica” (de Daniel Clowes chez Delcourt)

Prix spécial du Jury : ” Hanbok” (de Sophie Darcq chez Apocalypse)

Fauve prix Jeunesse : “L’incroyable Mademoiselle Bang” (de Yoon-sun Park chez Dupuis)

Fauve prix spécial du jury Jeunesse (ex aequo) : “Bâillements de l’après-midi” (de Shin’Ya Komatsu chez Imho) et “Les Petites Reines” (de Magali Le Huche chez Sarbacane)

Fauve du patrimoine : “Quatre japonais à San Francisco” (de Henry Yoshitaka Kimaya chez Revue Onapratut)

Fauve de la série : “The nice house on the lake” (de James Tynion IV, Álvaro Mártinez Bueno et Jordie Bellaire chez Urban Comics)

Fauve révélation : “L’homme gêné” (de Matthieu Chiara chez L’agrume)

Fauve de la BD alternative : “Aline” (Hollande)

Fauve polar : “Contrition” (de Carlos Portela et Keko chez Denoël Graphic)

Éco-Fauve : “Frontier” (de Guillaume Singelin chez Label 619)

Fauve des Lycéens : “Le visage de Pavil” (de Jérémy Perrodeau chez 2024)

Fauve du public : “Des maux à dire” (de Bea Lema chez Sarbacane)

Prix René Goscinny du Meilleur scénario : Julie Birmant pour “Dali” (chez Dargaud)

Prix René Goscinny du Jeune scénariste : Simon Boileau pour “La ride” (chez Dargaud)

La Langue des choses cachées de Cécile Coulon

“(…) Au milieu de cette foule aveugle, titubante, certains comprennent les choses cachées. Ils devinent en silence les grands tremblements du corps, les affaissements soudains du sang, ils possèdent le don, la force. Ils se mêlent aux autres et les soignent, les apaisent, ils ressemblent à des hommes et des femmes mais ils portent en eux des décennies de douleur et de joie, ils connaissent le feu, ils l’ont en eux, ils maîtrisent les flammes.”

La mère connait la langue des choses cachées, elle est celle qui soigne les vivants et accompagne la mort. Ce savoir, le fils en a hérité et cette nuit-là, c’est lui qui prend sa place lorsqu’elle est appelée au chevet d’un enfant mourant.

Mais, Le Fond du Puits, village aussi sombre que le cœur des hommes, recèle bien des secrets… Le fils, confronté à une violence venue du fond des âges et aux stigmates de ce que la mère a noué il y a bien des années, ne peut échapper à son destin ; Il lui faut réparer ce qui a été fait.

Un conte sombre et poétique modelé autour des thèmes de la transmission, de la noirceur de la nature humaine et de la vengeance.

L’Iconoclaste – 17.90 euros

Le Ciel ouvert de Nicolas Mathieu & dessins d’Aline Zalko

Ça pourrait être “L’Amour”de Bégaudeau en version quadragénaire écorché par la vie qui n’a plus le temps de s’asseoir sur la joie.
C’est dit, de page en page, à coups de lattes dans les certitudes et le quotidien.
De caresses données à un être aimé, entre deux claques de réel, à Anatole Latuile, un Buffalo Grill, le premier baiser et l’hôpital témoin du corps du père qui s’effiloche, tout accélère.
L’amour, les amours, les gosses, les parents et le temps qui passe, le sien et celui des autres. Rien de nouveau et pourtant, on chiale, on rit, on se fait du mal, un peu, et beaucoup de bien.
On va en crever de la vie avec sa trajectoire bien fixée qui fait taire les rêves et pourtant on ne renonce vraiment jamais aux grandes paillettes et aux petites embardées.

Un coup de cœur !

Actes Sud – 18.50 euros.

La Bouche pleine de terre de Branimir Sćepanović

Traduit du serbe par Jean Descat

Condamné par un diagnostic médical, un homme décide de rejoindre son Monténégro natal pour y choisir sa mort. Descendu du train au milieu de nulle part, en proie à son propre tumulte et à celui des hommes, il marche.

Une rencontre fortuite avec deux individus qu’il choisit d’éviter marque le début d’un implacable engrenage…

Intrigués par cette réaction, les deux hommes se lancent à sa poursuite bientôt rejoints par d’autres jusqu’à former une horde mue par une haine incontrôlable…

Une traque éperdue, une poursuite en incessant volte face dans laquelle instinct grégaire et fulgurances lucides se disputent place et terrain dans une logique qui échappe à toute logique… Indécis, versatile, complexe, influençable et difficile à suivre, c’est une définition/démonstration sans concession de l’humain.