Lecture de Pryscilla
Les Etats-Unis, Minnesota.
Cedar Hawk Songmaker, jeune femme enceinte d’origine Ojibwé adoptée par un couple de « blancs » bien pensants, renoue avec ses « parents biologiques » en quête d’information sur son patrimoine génétique. Protéger celui ou celle, et qu’importe sa nature, qu’elle porte dans son ventre deviendra son seul moteur dans un monde bouleversé par les plans incoercibles d’une nature revancharde (et on peut la comprendre !) à l’égard de l’espèce humaine.
Une fin du monde dénuée de catastrophe nucléaire, virus meurtrier, guerre, zombies et autres codes des dystopies « traditionnelles » et pourtant, l’extinction de l’humanité que nous dépeint Louise Erdrich dans ce roman n’en reste pas moins glaçante.
Et si demain c’est le principe même de la reproduction qui était remis en question ? Si le corps des femmes ne pouvaient plus donner naissance à une prochaine génération porteuse d’avenir mais à une forme régressive de l’humain ? Qu’adviendrait-il ? Traquées, enfermées pour leurs utérus et « ceux » qu’ils contiennent, les femmes ne sont plus l’avenir de l’homme… Imbue d’elle-même, infatigable et jalouse détentrice de la plus haute marche du podium du vivant, l’humanité, toujours prête à en découdre, hésiterait-elle à basculer dans l’inconcevable pour sauver sa peau ?
Un roman noir, implacable, à ne pas réserver qu’aux seuls amateurs d’anticipation au sens large.
Les références à l’immense « Servante écarlate » de Atwood, évidente sur la thématique et à l’inaltérable modernité de « 1984 » de Orwell, dans le portrait d’un pouvoir despotique emprunt de religion, restent cependant à modérer (avis personnel…) sans rien retirer à la qualité du texte de Louise Erdrich.