Archives de catégorie : Bandes dessinées

La guerre de Catherine, de Julia Billet et Claire Fauvel

Rachel est une jeune fille juive envoyée au début de la guerre à l’école de Sèvre. Là elle se découvre une passion pour la photo. Bientôt, comme d’autres enfants, elle est obligée de changer de nom et devient Catherine, puis elle doit fuir. Avec son appareil, elle saisit des images de son périple, des endroits où elle est hébergée, des gens qu’elle croise, respectant ainsi la mission qui lui a été confiée à son départ : « Fais des photos, collecte des images et rapporte-nous tout cela à la fin de la guerre. Nous en aurons besoin. »

Cette adaptation du roman de Juliette Billet est magnifique, le témoignage puissant et touchant d’une jeune fille forte qui filtre la dureté du monde à travers son objectif pour en saisir la beauté.

En attendant Bojangles, d’Olivier BOURDEAUT

La vie du jeune narrateur est une grande fête. On joue aux dames sur le carrelage de l’entrée, à la course dans le couloir, on saute sur le canapé et sa mère l’incite : « quand la réalité est banale et triste, inventez-moi une belle histoire, vous qui mentez si bien, ce serait dommage de s’en priver. » Sa mère a un petit grain de folie et son père lui donne les moyens de sa déraison.

 Un récit drôle et tendre sur la folie douce d’une femme bienveillante et l’amour inconditionnel de ceux qui l’acceptent telle qu’elle est. C’est « souvent n’importe quoi, parce que la vie c’est souvent comme ça, et c’est très bien ainsi. » 

 

Retrouvez cette folle histoire d’amour dans la magnifique adaptation en Bande Dessinée d’Ingrid Chabert et Carole Maurel.

 

Pas mon genre, de Yatuu

Quand j’étais petite, j’étais un peu… à part. Ma mère me disait souvent qu’elle aurait adoré avoir une fille, mais qu’elle était très heureuse avec le wookie qu’elle avait mis au monde. Je sais que ce n’était pas méchant, d’ailleurs ma mère me répétait bien assez souvent que j’étais très bien comme j’étais, que je ne devais porter des vêtements, mettre du maquillage ou encore faire des “trucs de filles” que si j’en avais envie, si cela me faisait plaisir, à moi ! N’empêche, j’ai toujours senti comme un petit regret chez elle. “Comment moi, travailleuse dans la haute couture, j’ai pu pondre une geek pareil ?”. Il faut dire, dès 6 ans, je préfèrais les ordinateurs et les consoles de jeux vidéo aux poupées. Je m’amusais des après-midi sans fin avec des Legos ou Meccanos. Et je ne vous raconte pas quand ils ont sorti les Mindstorms. Mes habitudes vestimentaires étaient à l’image de mes passions: jeans, tshirts de geek et basket. Les années ont passé et rien n’a simplifié la chose, je suis maintenant une adulte toujours aussi geek, avec de drôles d’habitudes en terme d’accoutrements. Et en plus, maintenant, j’ai les cheveux courts, vous imaginez ma mère dans tout ça !!!

C’est alors que je tombe nez à nez avec le dernier tome de Yatuu, Pas mon genre. Je feuillette, rigole doucement à certains sketchs, je me reconnais bien dans beaucoup de ces situations. En gros, si la BD ne fait qu’ouvrir un peu timidement une porte fermée qu’est la définition d’un individu, elle m’a fait revenir à l’enfant que j’étais. Une petite fille, qui s’en foutait un peu de jouer avec des jouets de garçons, de faire du foot avec les garçons, de parler jeux vidéos, mangas et films. Cette petite fille n’avait pas besoin de porter des habits de fille ou de se maquiller pour se définir comme une fille. D’ailleurs, cette petite fille n’a toujours pas besoin de l’acceptation des autres pour se définir comme fille. Et elle accepte la différence des autres et leurs propres définitions d’eux-même, que ce soit un ami qui m’avoue adorer la haute couture et le maquillage, un collègue qui change de sexe ou tout simplement une amie qui adore s’habiller en homme. Parce qu’au final, ce ne sont que des détails qui forment un individu.

N’hésitez pas à suivre Yatuu et ses divers projets sur son site: http://yatuu.fr.

Dans la combi de Thomas Pesquet, de Marion MONTAIGNE

Si vous vous attendiez à une bande dessinée de vulgarisation qui pose l’astronaute en héros de l’univers, summum de la classitude, veuillez passer votre chemin. Marion Montaigne dresse ici un portrait de vie dans la Station Spatiale Internationale, mélangeant humour et anecdotes du quotidien extrêmement bien documentées. L’idée n’est pas ici d’expliquer comment fonctionne l’univers mais quelle est cette mission “Proxima”, ses enjeux et surtout comment prépare-t-on 6 mois de vie dans l’espace. Que vous vous demandiez ce qu’est une EVA, comment fonctionnent des toilettes spatiales ou pourquoi continuons-nous à aller dans l’espace, n’hésitez pas à dévorer cet album.

Cette bande dessinée a reçu le prix du public Cultura durant le Festival d’Angoulême 2018.

Ces jours qui disparaissent, de Timothé Le Boucher

L’album s’ouvre sur une représentation acrobatique au dessin sobre et plein de poésie. Lubin est acrobate. Il chute, sans gravité. Mais après cela il ne vit plus qu’un jour sur deux. Chaque matin lorsqu’il se réveille, une journée complète s’est écoulée sans lui. Une autre personnalité prend possession de son corps en alternance, avec son caractère et ses ambitions propres. Ils entrent en communication pour s’organiser, gérer leur corps commun et leurs vies si différentes. Mais bien vite une lutte s’engage…

Un roman graphique magnifique, thriller fantastique et psychologique, poignant et bouleversant. Mais aussi une réflexion sur l’identité et une invitation à profiter du moment présent.

La balade en eaux ivres de lumières, par Kaimé

“Le monde civilisé, technologique, démocratique, occidental, s’est effondré. les populations des grandes villes des anciens pays, après un exode de plusieurs décennies vers les bunkers de New Groenland, vivent sous la coupe de régimes militaires tyranniques. Le reste des territoires, abandonné à son sort, est revenu à l’état sauvage. Mais pour nourrir les citadins, il est impératif de retrouver des manières naturelles de cultiver. Des paysans éclaireurs sont délégués pour redécouvrir ces méthodes. “

Cette vision d’un avenir pas si lointain ni incertain nous pousse à reconsidérer dès aujourd’hui, entre réflexion et invitation à l’échange et au partage, notre rapport à la nature, ainsi qu’à porter un œil neuf sur la beauté et la richesse de nos campagnes. Une magnifique ballade dans la vallée du Jabron dont on reconnait avec plaisir les paysages.

Une promenade dessinée dans notre région, vers « la construction rêvée d’un monde plus harmonieux, fraternel, et en accord subtil et respectueux de son patrimoine, de la nature et du vivant. »

La différence invisible, de Julie Dachez et Mademoiselle Caroline

Depuis toujours Marguerite se sent différente, en décalage avec les autres. Avec ses amis, sa famille, au travail, elle lutte contre ses peurs et ses habitudes pour maintenir les apparences de “normalité”. Jusqu’au jour où elle est diagnostiquée autiste Asperger. C’est le déclic. Un nom sur son mal-être : “il est normal qu’elle soit anormale”.

Commence alors une nouvelle vie où elle se découvre, s’accepte, affirme sa différence et la confronte aux multiples réactions de son entourage personnel comme professionnel.

Un très beau récit, touchant et émouvant, qui ouvre les yeux sur l’autisme et plus généralement sur toutes les différences invisibles. Une invitation à la compréhension et à la tolérance.

Tamara de Lempicka, de V. GREINER et D. COLLIGNON

Paris, années 20. Encore étudiante chez André Lhote, Tamara de Lempicka est l’une des artistes les plus en vue de la capitale. On se l’arrache dans les fêtes et les cabarets des années folles. Ces soirées sulfureuses et libertaires sont la source de conflits avec son époux, qui lui reproche de délaisser leur fille. Mais Tamara, dont l’art fait vivre sa famille, entend bien conserver sa vie de femme indépendante.

Une biographie passionnante, dont le dessin s’allie parfaitement à l’œuvre du peintre pour décrire une époque. Mais surtout le portrait d’une femme forte,  libre et terriblement moderne.