Archives de catégorie : Bandes dessinées

Ulysse & Cyrano, par Sarvain, Dorison et Cristau

Ulysse est un jeune hériter, soumis à son père qui trace son avenir pour qu’il reprenne les affaires familiales. Le jour où un scandale éclate, Cyrano et sa mère sont éloignés de Paris à la campagne. Là, le jeune homme fait la connaissance d’un homme bourru et solitaire, ancien chef étoilé déchu, qui va le prendre sous son aile et l’initier aux plaisirs de la cuisine et de la gastronomie, avec pour seul crédo « In voluptate veritas ! »

Un texte touchant porté par un dessin grandiose, leçon de vie – prendre un chemin tracé sans plaisir ou suivre ses rêves quel qu’en soit le prix ? – et ode à la gourmandise qui ouvre l’appétit !

« Les filles en colère aiment les garçons sensibles » de Faith Erin Hicks

Alix n’a qu’une passion dans la vie, c’est le hockey. Pour ce qui est des relations avec les autres, elle ne sent pas à l’aise ni légitime, un peu coincée dans un corps et une stature plutôt impressionnantes pour une fille de son âge. Effacée devant les autres, elle subit sans brocher les brimades de la capitaine d’équipe, la très « bancable » Lindsay qui ne perd jamais une occasion de l’humilier et de la rabaisser dans les vestiaires. Mais un jour, une parole de trop fait exploser Alix qui « pète les plombs » et s’en prend physiquement à Lindsay.

Effrayée par sa propre réaction, elle se rapproche d’Ezra, un jeune garçon en quête de son identité sexuelle, qui ne vit que pour le théâtre et fait preuve d’un self-contrôle à toute épreuve face aux moqueries homophobes dont il est la cible.

Ezra accepte d’aider Alix à ne plus se laisser déborder par ses pulsions et entre les deux jeunes gens que tout semblait pourtant opposer se noue une amitié pleine de promesses.

Une super BD qui, à travers des personnages complexes et attachants, raconte avec justesse les questionnements des ados, leurs ressentis et leurs soucis.

Coup de cœur à lire dès 14 ans.

Histoire complète en un tome aux Éditions Rue de Sèvres – 20 euros.

« L’Homme en noir » de Panaccione & Di Gregorio

Mattéo est, en apparence, un petit garçon qui a tout pour être heureux, des parents aimants, un chien plein de vie et affectueux et une jolie maison. Malgré cet environnement confortable, tous les soirs le même cauchemar vient hanter ses nuits. Un mystérieux homme en noir le poursuit et l’oblige à fuir… Son père et sa mère soupçonnent des soucis à l’école et tentent d’interroger leur fils qui reste absolument mutique…

Qui est réellement cet homme en noir ? Fruit de l’imaginaire débordant d’un enfant ou véritable menace pour le petit garçon ?

Cet album poignant, avec le dessin sensible de Panaccione et les textes forts de Di Gregorio (scénariste de la série « Les Sœurs Grémillet »), oscille entre rêve et réalité pour permettre que l’indicible soit dit et aborde avec une grande force le sujet des violences sexuelles faites aux enfants du point de vue de la jeune victime.

Bobigny 1972 de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel

« L’indécence, Monsieur le Président, ce sont ces femmes sur le banc des prévenues. Pas de raconter la réalité et la vérité sur ce que nous vivons. »

Les mots de Pryscilla sous la plume de Claire :

Cette bande dessinée raconte l’histoire du procès qui a permis à Simone Veil d’arriver jusqu’au Parlement pour présenter la loi de légalisation de l’avortement.

C’est un gros coup de cœur car c’est un sujet qui est au cœur de l’actualité. Il ne faut jamais relâcher notre vigilance car aujourd’hui rien n’est garanti. Comme le dit si bien Caroline Deyns dans MURmur «Toute loi est réversible». Nous avons aussi un devoir de transmission aux jeunes générations et cette bande dessinée y contribue.

Je l’offrirai à toutes les femmes que je connais, et en particulier à toutes les jeunes femmes. Je pourrai aussi l’offrir à des hommes un peu bornés sur la question. Sérieusement, c’est un livre à mettre entre toutes les mains.

Pour suivre les « Waouh de Claire », c’est par ici :

https://www.facebook.com/Leswaouhdeclaire

Le Jardin, Paris, de Gaëlle Geniller

Le Jardin est un cabaret parisien au succès grandissant où les danseuses portent un nom de fleur. Rose grandit au milieu de toutes ces femmes et c’est imprégné de leur grâce et de leur beauté qu’il monte sur scène à son tour.

Dans le Paris des années 20 sublimé par l’esthétisme de l’Art Nouveau, le talent de ce jeune homme éclot et s’épanouit telle une fleur délicate et puissante.

Un roman graphique magnifique tant par son illustration que par son histoire, doux et bienveillant, porteur d’un message de liberté, d’acceptation de soi, de solidarité, de respect… une lecture qui fait du bien aux yeux et au cœur.

Palmarès Festival d’Angoulême 2024

Grand prix de la ville d’Angoulême : Posy Simmonds

Fauve d’or : « Monica » (de Daniel Clowes chez Delcourt)

Prix spécial du Jury :  » Hanbok » (de Sophie Darcq chez Apocalypse)

Fauve prix Jeunesse : « L’incroyable Mademoiselle Bang » (de Yoon-sun Park chez Dupuis)

Fauve prix spécial du jury Jeunesse (ex aequo) : « Bâillements de l’après-midi » (de Shin’Ya Komatsu chez Imho) et « Les Petites Reines » (de Magali Le Huche chez Sarbacane)

Fauve du patrimoine : « Quatre japonais à San Francisco » (de Henry Yoshitaka Kimaya chez Revue Onapratut)

Fauve de la série : « The nice house on the lake » (de James Tynion IV, Álvaro Mártinez Bueno et Jordie Bellaire chez Urban Comics)

Fauve révélation : « L’homme gêné » (de Matthieu Chiara chez L’agrume)

Fauve de la BD alternative : « Aline » (Hollande)

Fauve polar : « Contrition » (de Carlos Portela et Keko chez Denoël Graphic)

Éco-Fauve : « Frontier » (de Guillaume Singelin chez Label 619)

Fauve des Lycéens : « Le visage de Pavil » (de Jérémy Perrodeau chez 2024)

Fauve du public : « Des maux à dire » (de Bea Lema chez Sarbacane)

Prix René Goscinny du Meilleur scénario : Julie Birmant pour « Dali » (chez Dargaud)

Prix René Goscinny du Jeune scénariste : Simon Boileau pour « La ride » (chez Dargaud)

Le Meunier Hurlant de Nicolas Dumontheuil (d’après le roman de Arto Paasilinna)

Un petit village du nord de la Finlande, peu après la guerre, voit arriver un inconnu qui rachète et remet en marche le vieux moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier Gunnar Huttunen a malheureusement un défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont dès lors qu’une idée, l’envoyer à l’asile. Mais Huttunen, soutenu par la conseillère rurale Sanelma Käyrämö, est bien décidé à se battre pour défendre sa liberté.

Joie de retrouver les inoubliables personnages du roman de Arto Paasilinna dans cette adaptation BD tout en sépia aussi génialement décalée que l’œuvre dont elle s’inspire…

Futuropolis éditions. 24 euros.

Trois bandes dessinées à découvrir

3 belles bandes dessinées dans les bacs, 3 biographies aux graphismes subtils et détonants mêlant récits intimes et histoire du début du XX° siècle :

-« Madones et putains » réalisé par Nine Antico ed. Dupuis coll. Air Libre

Un magnifique n&b où l’on suit les portraits d’Agata, Lusia et Rosalie, femmes Italiennes prisonnières ou rebelles de leurs conditions sociales

-« Gisèle Halimi une jeunesse Tunisienne » scénario de Danièle Masse dessins de Sylvain Dorange ed. Delcourt coll. encrages.

Avant de devenir une grande avocate plaidant et défendant les causes féministes, Gisèle Halimi grandit dans une famille juive à Tunis durant le protectorat français. On suit son enfance, le lien avec ses parents, comme naît son sens de la justice et ses convictions politiques.

-« Les choses sérieuses Jean Costeau & Jean Marais » scénario d’Isabelle Bauthian dessins de Maurane Mauzars, ed.Steinkis coll.Dyade.

Couple d’amoureux mythique dans l’histoire des arts et du théâtre, l’arrivée de la guerre, la montée de l’antisémitisme à Paris et leur volonté farouche de continuer à créer.

Venez découvrir ses trois beaux ouvrages à la librairie.

Faut faire le million – Gilles Rochier

Une nouvelle bd de Gilles Rochier aux éditions 6 pieds sous terre collection Monotrème dans les bacs de la librairie !

Comment vous dire… Quand l’amitié tourne pas toujours dans le bon sens, vous tire un peu vers le bas, vous fait légèrement fissurer mais vous soutien quand même, rajouté en plus une couche de violence sociale bien épaisse. Gilles Rochier continue de décrire la banlieue et ses gars devenus des « anciens » continuant à tenir les bancs et à naviguer à vue en affrontant les coups durs. Il met en scène leurs langues, leurs craintes, leurs liens, leurs solutions, avec son regard lucide, ses dialogues précis et percutants comme on les aime. Chaque séquence décrite nous fait avancer dans son univers où il est tout à la fois narrateur principal, observateur et électron libre.

En bonus on vous propose même de re-découvrir un autre opus « TMLP » primé à Angoulême en 2012 sur des sujets pas évidents : enfance, précarité, maternité , sexualité et débrouilles…
Album précédé de « Temps mort » (ed. 2000) et suivi de « La petite couronne » (ed.2017).

Gilles Rochier réalise des bd depuis plus de 20 ans, tenant le terrain il décrit les quartiers qui l’entoure et la vie qui en découle composée dans les grands ensembles urbains et révélée dans de petits détails réalistes. C’est un regard singulier qui trace son sillon. A lire sans plus attendre.

Les Pizzlys de Jérémie Moreau

Un récit haut en couleurs acidulées, un découpage hors pair, une narration qui file et des dialogues ciselés.

C’est l’histoire d’une fratrie : Nathan, Zoé et Etienne, orphelins citadins ubérisés et accros aux écrans et leur rencontre avec Annie, une veille dame qui retourne dans son pays qu’est l’Alaska après 40 ans de mariage en France. Elle les emmène dans son monde et sa culture, qui a changé : le climat se détraque, les eaux montent, les espèces animales se mélangent, l’alcool dévaste les peuples autochtones.

C’est l’histoire d’une rencontre entre des êtres, qu’ils soient enfants ou adultes, apprenant à s’adapter dans de nouveaux paysages et modes de vie. C’est aussi l’histoire d’une rencontre entre Inuits & Européens, l’histoire d’accidents et de perditions. C’est l’histoire de l’évocation des anciens mythes comme des boussoles et l’espoir d’un futur dans un présent instable.

Cette bande dessinée de Jérémie Moreau est un bijou, son tempo, ses dessins, ses couleurs flashs nous emportent avec tout l’intranquille décrit, nous ouvre vers des possibles, ravive nos imaginaires et nos pensées. Merci.

C’est à découvrir absolument, à lire et relire.