Archives par mot-clé : Musique

Suite inoubliable, d’Akira Mizubayashi

Jeune et brillante luthière, Pamina se voit confier la réfection d’un violoncelle d’exception. Elle découvre une lettre dissimulée à l’intérieur, qui la plongera dans le Japon des années 44-45 et dans l’histoire du talentueux violoncelliste Ken Mizutani avec la grand-mère de Pamina, Hortense Schmidt.

« L’étrange et extraordinaire histoire du Pax animae par Hortense, de ce magnifique violoncelle qui était devenu pour elle l’ombre de son jeune ami, son mausoléé.[…] Elle avait mis dans son œuvre toute son âme, toute sa vie de luthière en même temps que tout son amour pour le jeune violoncelliste dont elle avait été séparé par la marche implacable de l’histoire. »

Un superbe roman qui nous emporte dans un univers de beauté musicale et de passions, plus forts que la folie guerrière et l’oubli du temps, capables de susciter, dans une « sombre période, le désir de résister ensemble à la torture infligée à l’esprit est plus fort que la peur. »

Le grand feu, de Léonor de Récondo

A sa naissance, Ilaria est confiée par sa mère à la Pietà, institution vénitienne qui accueille principalement des orphelines et les élèvent dans le chant et la musique, tout en les coupant du monde extérieur. Elle devient l’élève du jeune Vivaldi et découvre la force de l’amitié et le monde extérieur en se liant avec Prudenza.

« Epidémies, joies, secrets, éblouissements d’eau et de feu, le petit cœur vivra son temps, traversé d’appréhensions et gonflé de bonheurs, oublieux, lâche et parfois courageux, mais toujours régulier à battre la mesure de la vie d’Ilaria. […] Aimera-t-elle ? Partira-t-elle ? Fera-t-elle le choix de rester ici pour aider d’autres femmes à s’élever, à se libérer ? » 

Un roman qui nous emporte dans Venise autour de la passion dont le feu ronge de l’intérieur, passion pour la musique, passion amoureuse, qui portent et consument une jeune femme en éveil. Léonor de Récondo nous plonge dans un univers musical qu’elle connait bien dans un roman qui laisse cependant un petit goût de trop peu…

Libertango de Frédérique GEGHELT

A l’occasion d’entretiens pour un documentaire, un chef d’orchestre revient sur sa carrière, sa vie, son combat pour faire oublier sa différence et imposer sa vision de la musique. Car Luis est né handicapé mais a reçu en retour le don de la musique. Lui qui boite et peine à s’exprimer, il se déploie et donne toute sa mesure lorsque, baguette en main, il « joue de l’orchestre. »

Avec Luis on pénètre dans l’univers impitoyable des orchestres de musique classique.

Un très beau texte malgré quelques longueurs, plein de sensibilité qui parle du combat d’un homme pour se construire malgré sa différence. L’écriture fluide alterne les narrateurs et les temps pour se déployer comme une symphonie  dont les voix sont les échos de celle, juste, sensible et profonde, de l’auteur qui partage son rapport intime à la musique et sa capacité à pénétrer le cœur des hommes

Me Pylinska et le secret de Chopin, d’E-E Schmitt

A neuf ans, le narrateur est bouleversé par Chopin. Il apprend le piano pour retrouver ce qui l’a ému mais Chopin se dérobe à lui. Adulte, il reprend des cours auprès de Madame Pylinska qui lui apprend pas tant à jouer qu’à écouter, sentir, vivre… Plus qu’une leçon de piano, de musique, de Chopin, elle lui offre une leçon de vie.

“En la contactant, j’avais formulé le simple vœu de cultiver mon jeu pianistique ; depuis, non seulement j’avais cueilli des fleurs à l’aube, écouté le silence, fait des ronds dans l’eau, étudié jusqu’à l’hypnose le mouvement des frondaisons sur le tronc, mais voilà que mon intimité même était gangrené par ses requêtes.”

Un joli texte à la fois léger et profond comme Eric-Emmanuel Schmitt sait les faire.