Archives de catégorie : ♥ Coups de coeurs d’Elodie ♥

Les terres animales, de Laurent Petitmangin

Après l’accident, dans cette zone irradiée devenue hostile, ils sont une poignée à ne pas avoir fui. Chacun ses raisons.

« Pourquoi rester ? Question interdite. On se contente de la circonvenir. Par quelques affirmations un peu débiles, c’est pas pire qu’ailleurs, au moins on est tranquilles, par de petites réassurances communes, puis, quand il faut dégainer le lourd : maintenant qu’on a commencé. Ce maintenant qu’on a commencé résume l’espèce de pacte qui nous étreint, il prévient de tout délitement. »

Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred ont trouvé un équilibre grâce à leur amitié. Jusqu’à ce qu’un évènement imprévu remette leurs convictions en question.

Un roman touchant et plein d’humanité qui nous entraine dans un lieu suspendu,, hors du monde et hors du temps.

Suite inoubliable, d’Akira Mizubayashi

Jeune et brillante luthière, Pamina se voit confier la réfection d’un violoncelle d’exception. Elle découvre une lettre dissimulée à l’intérieur, qui la plongera dans le Japon des années 44-45 et dans l’histoire du talentueux violoncelliste Ken Mizutani avec la grand-mère de Pamina, Hortense Schmidt.

« L’étrange et extraordinaire histoire du Pax animae par Hortense, de ce magnifique violoncelle qui était devenu pour elle l’ombre de son jeune ami, son mausoléé.[…] Elle avait mis dans son œuvre toute son âme, toute sa vie de luthière en même temps que tout son amour pour le jeune violoncelliste dont elle avait été séparé par la marche implacable de l’histoire. »

Un superbe roman qui nous emporte dans un univers de beauté musicale et de passions, plus forts que la folie guerrière et l’oubli du temps, capables de susciter, dans une « sombre période, le désir de résister ensemble à la torture infligée à l’esprit est plus fort que la peur. »

Le grand feu, de Léonor de Récondo

A sa naissance, Ilaria est confiée par sa mère à la Pietà, institution vénitienne qui accueille principalement des orphelines et les élèvent dans le chant et la musique, tout en les coupant du monde extérieur. Elle devient l’élève du jeune Vivaldi et découvre la force de l’amitié et le monde extérieur en se liant avec Prudenza.

« Epidémies, joies, secrets, éblouissements d’eau et de feu, le petit cœur vivra son temps, traversé d’appréhensions et gonflé de bonheurs, oublieux, lâche et parfois courageux, mais toujours régulier à battre la mesure de la vie d’Ilaria. […] Aimera-t-elle ? Partira-t-elle ? Fera-t-elle le choix de rester ici pour aider d’autres femmes à s’élever, à se libérer ? » 

Un roman qui nous emporte dans Venise autour de la passion dont le feu ronge de l’intérieur, passion pour la musique, passion amoureuse, qui portent et consument une jeune femme en éveil. Léonor de Récondo nous plonge dans un univers musical qu’elle connait bien dans un roman qui laisse cependant un petit goût de trop peu…

L’enfant Don, de Jean Darot

Dans une vallée isolée des Pyréenées, Seuvia grandit, enfant, adolescente passionnée, jeune femme, mère, mais aussi ainée de la famille et héritière de sa “maison-souche”. Elle succède à son père et prend sa place dans cette communauté montagnarde isolée avec ses règles égalitaires. Elle apporte son amour et sa bienveillance jusqu’à faire le plus beau des dons à une famille amie.

Nous les femmes nous grandissons par étapes. Nous nous déplions, nous nous déroulons comme le font les fougères… Nous nous élevons, saison de vie après saison de vie, depuis l’enfance jusqu’à devenir plusieurs femmes successives.”

Après l’homme semence écrit sous le pseudonyme de Violette Ailhaud, Jean Darot nous offre une nouvelle histoire de femme, pleine de force, d’amour et de bienveillance.

Une nuit particulière, Grégoire Delacourt

Cette nuit, après trente ans d’amour fou, le mari d’Aurore la quitte. Au désespoir, elle aborde un inconnu, “Emmenez-moi”. Lui aussi a besoin d’une distraction, d’oubli. Sans se connaître, ils partagent le temps d’une nuit un présent absolu. “Deux êtres qui passent, deux nuits qui se croisent et se télescopent, et pourquoi ne pas tenir ainsi jusqu’à l’aube, et pourquoi ne pas disparaître en silence dans le bruit des autres, et pourquoi ne pas se dire ce qu’on n’ose jamais, s’aimer comme on n’ose pas, c’est à dire sans raison“.

Un roman d’amour sans vraiment l’être, qui nous emporte dans l’errance de deux êtres brisés qui vont s’abandonner, se fuir et fuir la violence de leurs vies, le temps d’une parenthèse, d’une nuit suspendue.

Prends ma main, de Dolen Perkins-Valdez

Alabama, années 70.
La jeune Civil entre comme infirmière dans un planning familial, désireuse de venir en aide aux femmes les plus démunies. Mais bien vite elle s’interroge sur les méthodes et les produits auxquels sont soumises les patientes. Elle se prend d’affection pour deux fillettes et va se battre pour leur rendre justice et faire changer les choses.

Une passionnante histoire, qui s’inspire de faits réels, et met au jour différents scandales sur des abus en matière de santé publique, dans un système basé sur la confiance qui profite de la pauvreté et de l’analphabétisme de leurs patients pour mener des études ou des pratiques immorales sous couvert de soins…

La carte postale, Anne Berest

Dix ans après que sa famille ait reçu une mystérieuse carte postale, ne comportant que les noms de ses ancêtres déportés lors de la seconde guerre mondiale, la narratrice se lance dans une enquête pour découvrir à la fois l’auteur de cette carte mais aussi les parcours de ses ancêtres.

Un récit qui nous offre une plongée dans l’histoire familiale de l’autrice, qui s’entremêle à la grande histoire, de leur fuite de la Russie dans les années 30, rattrapé par les horreurs de la seconde guerre mondiale, jusqu’au silence et la parole qui se libèrent enfin aujourd’hui.

Robe de marié, de Pierre Lemaitre

Une femme se réveille à côté du cadavre d’un enfant, sans aucun souvenir de ce qu’il a pu se passer. Ce n’est pas la première fois…
Quand tout tend à la faire basculer dans cette folie qui semble la gagner, une petite part de lucidité la pousse a la fuite et à refuser de croire ce qui semble pourtant inévitable.

Un thriller psychologique qui nous entraine dans une minutieuse et implacable manipulation, à en faire douter de ce qu’est véritablement la réalité…

Hors-la-loi, d’Anna North

Dans l’ouest américain de la fin XIXe, très croyant et traditionaliste, la jeune Ada commence une vie pleine de promesses. Mais après plusieurs mois de mariage sans tomber enceinte, elle est déclarée stérile et accusée de porter malheur aux futures mères. Obligée de fuir, elle trouve refuge dans le Gang du Hole-in-the-Wall et devient une hors la loi.

Un western féministe aux côtés de femmes rejetées par la société et d’une héroïne éprise de justice ainsi que d’une soif de connaître, comprendre et soigner les maux des femmes pour qu’elles ne soient plus stigmatisées par l’ignorance et les superstitions ni réduites uniquement à leurs ventres inféconds.

Mon acrobate, Cécile Pivot

A la mort de sa petite fille, Izia est effondrée. Plus rien ne la touche. Elle ne retient pas son mari qui part, se coupe du monde, seule avec son chagrin et le souvenir de Zoé. Jusqu’à cette idée qui la pousse à sortir, aider les proches de disparus à vider leurs maisons. Cette activité atypique entraîne des rencontres qui vont l’aider à avancer, à accepter.

Un beau roman, émouvant, sur une reconstruction suite à l’insurmontable perte d’un enfant, sur l’amour d’un couple qui persiste dans les petits riens, sur la vie qui reprend son cours, doucement.