Si je suis de ce récit la narratrice, c’est pour aider l’autrice autant que l’héroïne à trouver l’antidote, et permettre à leurs sœurs d’imposer leur refus en un chœur sororal ; j’existe pour que le réel soit enfin modifié.

Un week-end entre amies dont Clothilde n’a pas choisi la destination. Elle suffoque en reconnaissant les rues pavées de cette petite ville qui la ramènent 20 ans plus tôt.
Dans ce moment de vie, elle était Madame, toute entière dévouée à Monsieur, mentor aux goûts vestimentaires aussi douteux que son comportement envers la jeune femme de 20 ans sa cadette. Le postulat de départ est biaisé parce que c’était par amour ok.
Clothilde, ne peut pas supporter l’idée du jugement que pourrait porter sur elle ses amies qui ignorent tout de ce vécu et la connaissent dans ses comportements les moins dicibles. Vidée d’elle-même jusqu’à ce qui la constitue au plus profond et que Monsieur a bramé aimer, Clothilde, personnage, autrice et narratrice, puise dans cette sororité presque schizophrène pour faire péter les points de sa bouche cousue et libérer le récit de cette histoire qui la ronge et la terrifie.
La violence des souvenirs en rafale gifle aussi fort que l’air frais et vicié d’une promenade en vélo, la honte qui lui arrache le visage doit changer de camp, mais est-ce seulement envisageable ?
Dans nos sociétés post #METOO, l’insurrection continue de gronder. La prise de parole reste une épreuve et poser des mots sur les violences, est encore un privilège arraché au patriarcat qui se débat pour ne pas se casser la gueule de son piédestal. Une capacité d’introspection qui dépasse le nombril et rend libre de caresser l’épaule d’une sœur en lui murmurant un soutien inconditionnel ? Allez, soyons orageuses.
Chloé Delaume poursuit une œuvre d’auto-fiction incisive et sans concession face à une société qui balance du rêve à pas cher sur la déconstruction en marche (ok). Buffy n’a pas fini d’être l’élue pour sauver le monde.
Quelques livres auxquels j’ai pensé très fort en lisant celui-ci :
« Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok », Michelle Lapierre-Dallaire
« La nuit je suis Buffy Summers », Chloé Delaume
« Les orageuses », Marcia Burnier – https://defilenpage.fr/les-orageuses-de-marcia-burnier/
A paraître le 22/08/25 – Immense coup de cœur.