Je veux qu’on me rende ce corps d’avant qui ne vivait que pour lui-même, qui ne nourrissait aucune autre vie, qui ne subissait que les assauts qu’il autorisait. Je n’ai jamais voulu de ce corps de mère, lesté d’obligations et de folie. Je veux mon corps libre, libre de jouir, d’aimer, de dormir, libre de s’échapper, libre de tout quitter, libre de revenir. Libre de trahir.
À la naissance de son second enfant, elle perd pied et se retrouve en maison de repos au bord d’un lac de montagne. Une chute sur les pistes de skis, la main d’un homme qui se tend pour la relever et c’est le début d’un embrasement qui va peu à peu l’envahir jusqu’à l’obsession. Une envie crue, impossible à réfréner s’empare d’elle et recouvre son quotidien d’un voile terne. Si ce désir sexuel lui apparaît comme l’élan vital susceptible de réveiller son corps et de retrouver celle qu’elle a été « avant » de devenir épouse et mère, la réalité ne tarde pas à la rattraper. Le constat est sans appel : elle est prisonnière et seule la forme des barreaux change.
Une plongée dans le burn-out maternel et le désir féminin. Librement érotique et d’une vérité sans fioriture sur les hauts et les bas qui peuvent traverser une vie de femme et de mère, le choix radical pour lequel la narratrice finit par opter détonne et propose une fin surprenante pour ce premier roman de Marion Roucheux.