Demi ciel de Joël Casséus

Non, non, nous sommes bien peu de choses.

Ils ne sont pas de ceux qui sont nés du bon côté du ciel. Péniblement, ils s’échinent sous la menace d’une guerre qui gronde au loin, dans la peur des milices qui rôdent et inlassablement, ils creusent le sol…

Sans nom, tapis dans des wagons, leurs regards qui ne portent pas plus loin que le mur, horizon fermé devant eux, il sont ceux avec lesquels l’espoir ne cesse de jouer. D’une voix propre à chacun, ils disent cette existence subie et soumise. La vie, c’est pour les autres, de l’autre côté du ciel.

Reflet métaphorique de ce monde violent et inégalitaire qui est le notre, un texte, beau et déchirant, qui pioche dans les pages sombres de notre mémoire collective.

Border de Jacques Houssay

J’aime chaque grain de poussière de cette terre que je maudis. Je suis cette terre sur laquelle je crache et qui a accueilli nos cris et nos silences, le corps des êtres aimés dans des rectangles profonds et froids, les roues qui dévalaient la pente vers ces profondeurs putrides dont nous sommes issus. Il ne sert à rien de fuir. Il n’est pas certain que je sois fou. (…)

J’aime ceux qui doutent, ceux qui ne sont pas frappés par l’évidence du bien fondé d’être là et de savoir y vivre. Seuls les vrais écorchés de la vie sont foutus de poser un regard attentif et tendre sur la merde comme, parfois, sur la beauté du monde et des gens.

Jacques Houssay, il le fait superbement, avec cette écriture à la poésie crue et magnétique qui vous laisse un peu ébouriffés à chaque fin de phrase.
Il vous faudra du café, je pense…

Lady Chevy de john Woods

(…) Tu veux savoir ce que c’est, ton problème ?

Mon problème ? – Oui. Le tien. Le sien

.- Vas-y, je t’écoute.

Croire ne serait-ce qu’une seconde que ce monde en a quelque chose à foutre de nous.

Dans ce trou paumé de l’Ohio, l’exploitation du gaz de schiste fracture et pourrit les sols aussi sûrement que les dérives d’une Amérique en perdition face à ses incertitudes secouent les personnages de ce roman tellement noir qu’il faudrait inventer une nouvelle couleur à lui coller aux pages.

Non, le monde n’est pas binaire. Et tels que nous admettons communément de les concevoir, les méchants et les gentils n’existent pas plus dans ce livre que la morale et la justice dans notre bas monde.

Attention, ça va secouer !