… Je suis certain que
Peu d’amants se sont aimés autant que nous
On réussit simplement
À ne pas s’aimer en même temps

Évoquer la relation amoureuse des prémices à sa lente dilution dans ce geste tendre et intime qui s’efface doucement sur le papier : la nuit, il lui gratte le dos.
Dans ce roman poème, des corps s’aiment, se rapprochent et s’éloignent, des cartes postales de voyages défilent et l’intrusion d’un quotidien secoué par l’actualité jalonne les sept années de vie en couple. Les souvenirs reviennent en bribes, images et mots pour dire les moments partagés. De l’envie de la permanence de l’amour malgré les différences au constat triste et douloureux de son irrémédiable délitement, l’après avec ses hauts et ses bas et l’encore après, presque apaisé et en construction/reconstruction… Tout est dans ces pages.
Un texte puissant dont l’apparente simplicité cache une complexité qui se révèle dans sa lecture. Ça remue au fond du ventre, on sourit, on a les yeux qui brillent et perlent, de la première à la dernière ligne, on est happés.es. Embarqués.es dans le même ascenseur émotionnel, singulier et universel, que celui qui secoue les deux amants.es, on aime et on souffre, on se souvient de ce chemin parcouru par nous quand on était eux.elles. Un recueil qui remue les entrailles dans sa beauté intense et singulière et par son abstinence voulue des grands mots, clashs, clichés et trémolos. Tout est doux même dans la douleur.
Un grand coup de cœur.
