Archives de catégorie : Poésie

Passer l’été, d’Irène GAYRAUD

C’est l’été. Il n’a pas plu depuis des semaines. La chaleur pèse, s’intensifie, écrase, brûle. L’eau se fait rare, la nature souffre, meurt.

De tout être que l’on voit
arbre
ruisseau
roitelet
on se demande
s’il passera l’été.

Dites, devons nous
éveiller nos petits
à ce qu’on appelle communément
la beauté du monde ?
[…]
Ou bien
devons-nous leur dire
ne t’habitue pas trop
aux arbres
aux oiseaux
et rentre jouer dedans
dehors cette chaleur
te fera attraper
la mort ?

Un poème qui touche au plus profond et bouleverse, interroge sur notre monde qui souffre, la nature qui subit, et l’homme dans tout ça…

Ruralités de Hortense Raynal

« Il n’y a rien de pire que

les maisons vides.

Les objets délaissés, peut-être. (…)

Tous sont les témoins de ton.

passage. (…)

Souillarde. Peut-être aussi cette pièce si petite qu’elle est

remplie de toi.

Ces murs en pierre qui seuls savent, privilège immense,

tes.

heures de solitude en leur sein.

Cet endroit qui n’appartient qu’à toi et où tu.

as avoué tellement, où tu as crié tes.

colères, donnés tes.

conseils, où tu.

as transmis, l’air de rien, sans t’arrêter.

Ce legs, ton legs, mon legs. »

Un recueil poétique au souci du détail presque documentaire avec toutes ses terres dans la gorge pour raconter les lieux de l’enfance, la réalité douce et crue du monde agricole, l’aliénation des corps.

Pas de folklore, ni de récit d’un idyllique paradis perdu dans les multiples ruralités qui poussent et s’incarnent dans les mots de l’autrice, en quête, mais de la beauté qui jaillit là où l’on ne l’attend pas…

Les Carnets du Dessert de Lune – 15 euros.

L’île du lac, d’Arnaud Rykner

Une île anonyme au milieu d’un lac. Un homme y vit, seul, hors du monde, hors du temps, dans un monde qui semble suspendu, en symbiose et en paix.

« Et le lac.
Et au milieu du lac, l’île.
Dans l’île, lui.
Quoi de plus demander ? Quoi vouloir de plus ?
Quelle chance.
Il se dit encore : tout est là.
D’autres voudraient du bruit et du mouvement.
D’autres voudraient de la vitesse, de la richesse.
Lui ne veut rien. Il veut ça
. »

Un poème narratif sur le temps et un hommage à la culture japonaise qui sonne avec la beauté des haïkus.

Il est fou ! Un livre de Guy Lévis Mano et David Audibert imprimé aux éditions Quiero

Un livre, une exposition, un atelier gravure

Contentes de vous convier à une belle exposition qui se prépare à la Médiathèque Louis Joseph de Château-Arnoux Saint-Auban entre le 15 janvier et 15 février prochain.

Les 28 planches du livre « Il est fou ! » imprimé et publié aux Éditions Quiero avec des gravures sur bois de David Audibert, des livres de GLM et d’Archétype. L’exposition présente pour l’essentiel les planches imprimées du livre de Guy Lévis Mano et David Audibert sorti en décembre 2022. Ce livre entièrement imprimé à la main en typographie au plomb par Samuel Autexier dans l’atelier Archétype à Forcalquier a demandé trois mois de travail (de août à novembre). Dans les vitrines sont exposées compositions typographiques et gravures sur bois ainsi que les ouvrages publiés par les éditions Quiero, quelques ouvrages de GLM (collection personnelle et dépôt du musée de Vercheny) et de l’atelier Archétype (livres pauvres en collaboration avec Chantal Giraud Cauchy).

Le vernissage aura lieu ce samedi 14 janvier à 11h avec une lecture d’extraits du livre par Sadou Czapka. Un beau moment en perspective, un régal pour vos yeux et vos oreilles. La libraire vous propose un choix de livres issus du catalogue des Editions Quiro & une belle vitrine. Venez donc, ça va être bien.

Un atelier de 3 h animé par David Audibert (gravure sur bois) est proposé le mercredi 1er février de 15 h à 18 h pour rentrer dans l’univers du livre. Inscription auprès de la Médiathèque ou de la librairie au 09 72 63 56 38 ou contact@defilenpage.fr

« Il est fou ! » Recueil de onze « minutes » imprimé en 1933 à 90 exemplaires sur la petite presse à bras du poète Carlos Rodriguez Pintos par Guy Lévis Mano, il inaugure le catalogue de ce qui allait devenir la maison GLM. Ces poèmes parlés font suite à dix années d’intenses activités littéraires (revues, expositions, rencontres) et marquent le début d’une aventure éditoriale qui fera de GLM l’éditeur attentif des poètes et artistes les plus célèbres du XXe siècle (Breton, Char, Dali, Dupin, Éluard, Jouve, Lorca, Mirò, Picasso, etc.). Suivant la volonté testamentaire de l’auteur, les éditions Quiero proposent une nouvelle version à quatre mains.

Howl de Allen Ginsberg

J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus
se trainant à l’aube dans les quartiers noirs en quête d’un furieux shoot,
initiés à gueules d’anges brûlant pour l’antique lien céleste avec la dynamo étoilée dans la machinerie de la nuit (…)

Nouvelle traduction de Nicolas Richard aux éditions Christian Bourgois (version originale en seconde partie de recueil) pour ce monument de la poésie américaine publié pour la première fois en 1956. Qualifié d’obscène et d’abord censuré dans un pays qui est encore loin d’en avoir terminé avec le puritanisme, « Howl » continuera d’être diffusé suite à un arrêt de 1957 rendu par le juge Clayton W. Horn et deviendra le recueil « culte » de la Beat Generation, emblématique mouvement de la contre culture américaine porté par Ginsberg, Kerouac et Burroughs.

Créatif et libertaire dans sa forme, ce texte halluciné dévale les pentes de l’âme humaine entre grandeur et décadence, lyrisme et brutalité crue et le flot des mots vous menotte à sa lecture de la première à la dernière ligne. Respirez un grand coup avant de poser les yeux sur la première page, vous ne reposerez pas le livre avant de l’avoir frénétiquement terminé.

Intemporel cri de rage contre une Amérique dévorée par les inégalités sociales, le racisme et la violence du système capitaliste, brûlot incendiaire contre une société qui écrase tout ce qu’elle considère comme marginal, « Howl » n’a rien perdu de sa force pour celles et ceux qui le découvriront aujourd’hui.

En librairie le 22 septembre 2022.

Plus de likes que d’amour de Dorian Masson

« Sur les draps noirs

ton soutien-gorge Blanc

Comme j’aimerais que tu le remettes

Pour te l’enlever

Encore« 

Pour ou contre les soutien-gorges, peu importe.

En revanche, je parie que vous serez entièrement pour ce texte. Un vrai crève-cœur de n’en relever que quelques lignes pour titiller votre curiosité et ne pas déflorer tout le livre.

À chaque page, la magie opère qu’elle vous serre les entrailles ou vous colle le sourire… À l’heure du numérique, des trucs qui vont vite, des gens qui s’éloignent les uns des autres, ça fait du bien de parler d’amour/des amours avec des hauts, des bas et même des travers : la vie, quoi !

Une petite pépite dans l’une de nos collections favorites, « L’iconopop ».

Et pour suivre l’auteur sur Instagram, c’est par ici

https://www.instagram.com/n0zam/

La faim de leur monde de Akhenaton

« Je suis fatigué de chanter les mêmes problèmes, trente ans ! »

2006… « La fin de leur monde », les voix engagées de Akhenaton et Shurik’n résonnaient déjà à nos oreilles pour dénoncer un monde en pleine décomposition.
Est ce qu’on a vraiment cru qu’on irait vers le mieux ?… ou n’étions-nous « intellectuellement » pas prêts à envisager que ça pourrait être pire ?
L’espoir semblait encore permis : le, « ça ne peut qu’aller mieux. » qui achevait le morceau laissait entrevoir une possible prise de conscience…
Triste constat, 15 ans après…
« La faim de leur monde » est l’expression du combat qui continue et s’intensifie, malgré cette lassitude qui s’installe face à l’immobilisme et l’indifférence.
La plume toujours acérée de Akhenaton « ne lâche pas le morceau », dénonce et alerte toujours et encore.
Le texte, dans la fantastique collection L’Iconopop, sera disponible dès demain dans votre librairie. Et la version musicale est à écouter en scannant le code fourni avec le livre !
AKHENATON

https://www.facebook.com/watch/?v=784862552455574

Maison-tanière de pauline delabroy-allard

« Je ne réponds plus à personne
Dans la maison tanière aphone
La solitude la retraite le recueillement
J’essaye de faire ça bien
Mais je monte le son
Quand je pense à toi »

De la naissance de son premier roman au nécessaire ressourcement après la publication de « Ça raconte Sarah », Pauline Dlbroy-Allard nous ouvre sa maison tanière et les « rituels » qui ont été les siens dans ces deux moments de vie.
Visite guidée poétique et photographique de ses sources d’inspiration et de ses souvenirs, on se balade entre vinyls et vieux plafonds dans un texte intime et intimiste.
En refermant ses pages, effets secondaires constatés : une profonde envie de se poser à notre tour dans une tanière bien à nous.
L’Iconopop