« Ne t’amuse pas à en parler, ça ne regarde pas les autres »
« Mon petit frère, la douche et vous, témoins impuissants.e.s de ce furieux corps-à-corps dont il est quelques secondes ensuite, la prochaine victime
sidéré, gisant non loin de vous, le visage effacé
d’avoir vu la férocité cannibale avec laquelle Papa a mangé son grand frère
le phallus partiellement dressé. »
Exit la poésie jolie jolie et confortable avec des mots au service du beau qui viendraient enjoliver l’inceste pour le rendre plus acceptable et moins dérangeant pour celles et ceux qui ont encore bien du mal à ne pas regarder leurs pieds quand les « vrais » termes sont prononcés. Le recueil de AD Rose, incestué par son père, est cru et trash. Droit et volonté sont pris.es de jeter le réel sur le papier sans confiscation possible de la violence vécue, pas de double peine infligée par l’auto-censure.
Une lecture forcément et nécessairement dérangeante dans une société engluée dans un capitalisme et un patriarcat aussi malades qu’ancrés qui en est encore, pour partie, à sauver ses apparences. Il y a un commun à construire contre l’inceste qui commence sans doute par ne plus avoir peur des mots, exutoires et ciments de reconstruction, qui le disent.
Éditions Rotolux Press, 18 euros
